Donnez un os au chien, qu’il cesse d’aboyer ;
Faites taire les pianos ; au son sourd du tambour,
Faites sortir le cercueil, faites venir le cortège.
Que tournent dans le ciel des avions en pleurs ;
Qu’ils y griffonnent les mots IL EST MORT.
Qu’on mette des nœuds de crêpe au cou blanc des pigeons ;
Des gants de coton noir aux agents de police.
Il était mon nord, mon sud, mon est et mon ouest,
Ma semaine, mon travail, mon dimanche, mon repos,
Mon midi, mon minuit, mon dire, mon chant ;
Je croyais que l’amour était pour toujours : j’avais tort.
A quoi bon les étoiles à présent ? Eteignez-les toutes !
La lune, qu’on la remballe ! Qu’on décroche le soleil !
Videz-moi l’océan ! Déblayez-moi ces arbres !
Car rien de bon jamais ne peut plus arriver.
*
Stop all the clocks, cut off the telephone,
Prevent the dog from barking with a juicy bone.
Silence the pianos and with muffled drum
Bring out the coffin, let the mourners come.
Let aeroplanes circle moaning overhead
Scribbling on the sky the message He is Dead,
Put crepe bows round the white necks of the public doves,
Let the traffic policemen wear black cotton gloves.
He was my North, my South, my East and West,
My working week and my Sunday rest,
My noon, my midnight, my talk, my song,
I thought that love would last forever: I was wrong
The stars are not wanted now, put out every one;
Pack up the moon and dismantle the sun;
Pour away the ocean and sweep up the wood.
For nothing now can ever come to any good.
***
W. H. Auden (York, Angleterre 1907–1973) – The Year’s Poetry (1938) – On achève bien Auden – de l’interprétation à la traduction (Les Hauts-Fonds, 2008) – Traduit de l’anglais (États-Unis) par Jean-Yves Le Disez