Quarante-six ans après la naissance de la chanson, la veuve de John Lennon, Yoko Ono, s'apprête à devenir coauteur de l'hymne pacifiste Imagine. Quitte à faire hurler les détracteurs de la veuve la plus haïe de la pop culture.
La chanson du siècle! C'est ce prix que Yoko Ono, la veuve de John Lennon, a reçu pour la chanson Imagine lors d'une cérémonie organisée mercredi à New York par l'Association nationale des éditeurs de musique (The National Music Publishers Association). La veuve la plus célèbre de la pop music (toujours soupçonnée d'être à l'origine de la séparation des Beatles) est venue prendre son trophée dans une chaise roulante poussée par son fils, Sean Lennon.
John Lennon : 'A l'époque, je devais être un peu plus égoïste et macho qu'aujourd'hui, et j'ai tout simplement oublié de la mentionner.'
Tout juste avant que Patti Smith n'interprète le titre en question, accompagnée par sa fille Jessie au piano, coup de théâtre : David Israelite, le CEO de la fameuse ligue des éditeurs, a diffusé une interview de John Lennon, accordée une semaine jour pour jour avant sa mort. Le 1er décembre 1980, le chanteur expliquait sur la radio BBC I : " Imagine aurait dû être créditée Lennon/Ono car une bonne partie des paroles et du concept de la chanson proviennent du livre de Yoko, Grapefruit. Si ça avait été une personne autre que ma femme, je l'aurais fait. Mais à l'époque, je devais être un peu plus égoïste et macho qu'aujourd'hui, et j'ai tout simplement oublié de la mentionner. "
Crainte de voir la chanson tomber dans le domaine public
John Lennon ne refait pas le film de sa chanson la plus connue par amour. Dans le poème Tunafish Sandwich Pièce, issu du recueil Grapefruit, on peut en effet lire ces vers : " Imagine one thousand suns in the / sky at the same time. / Let them shine for one hour / Then, let them gradually melt / into the sky / Make one tunafish sandwich and eat. " Mais pourquoi se réveiller maintenant, quarante-six ans après la naissance de la chanson et trente-sept ans après la mort de son auteur?
Pour Yoko Ono, ce n'est probablement pas uniquement par principe chez celle qui a toujours refusé à Paul McCartney qu'il inversât l'ordre des crédits " Lennon/MacCartney " sur les chansons des Beatles. Il se peut qu'à 84 ans, l'ayant droit principale du catalogue éditorial de John Lennon soit plutôt rétive à l'idée que la chanson tombe trop tôt dans le domaine public, privant ainsi ses héritiers présent et futurs (son fils Sean, déjà, ressemblant de plus en plus à son père, période pré-Imagine) d'une manne substantielle.
Un hymne pacifiste devenue véritable machine à cash
Une chanson devient " publique " soixante-dix ans après la mort du dernier de ses auteurs et compositeurs. En rajoutant son nom à celui de son défunt mari (l'auteur d'Imagine a été assassiné le 8 décembre 1980), Yoko Ono peut ainsi espérer rallonger d'autant l'espérance de vie financière de cet hymne pacifiste devenue une véritable machine à cash auprès des annonceurs et autres compagnies d'assurance-vie en quête d'écrans publicitaires mélodieux.
Le mémorial Strawberry Fields est un monument situé dans Central Park à New York, dédié à la mémoire de l'auteur-compositeur-interprète John Lennon
Le mémorial Strawberry Fields est un monument situé dans Central Park à New York, dédié à la mémoire de l'auteur-compositeur-interprète John Lennon. (Reuters)
Alors, qu'importe si Paul McCartney, jusque-là seul coauteur quasi exclusif de John Lennon (à l'exception de David Bowie sur la chanson Fame), s'en irrite. Il est des priorités sur lesquelles on ne saurait transiger, et qui s'avèrent être un des meilleurs dopants qui soit. " Imagine no possessions / I Wonder If You Can ", clamait la chanson? Tu parles, les hommes d'affaires du clan Ono travaillent actuellement à faire mentir ce vers si hypocrite à l'ère de l'argent roi.
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