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Inextricabilia

Publié le 15 juin 2017 par Detoursdesmondes
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Une exposition que j'attends, bientôt à la Maison Rouge... parce qu'elle doit mêler, entremêler même, des objets échos des préoccupations universelles rencontrées dans toute les civilisations géographiquement et/ou temporellement éloignées.
Une nécessité que j'évoquais sur ce blog l'année dernière au travers des travaux de Judith Scott qui seront naturellement présents dans cette exposition.
Detail-too-metropolitan


Le titre qu'on a du mal à prononcer parce la langue peine à terminer le mot, reflète à l'avance la complexité des enchevêtrements auxquels nous allons nous heurter car ce qu'il cache sous ses syllabes relève de l'incompréhensible parce que de l'enfoui.
Nous qui sommes amateurs d'art lointain, avons déjà rencontré dans son champ ces "choses" bien souvent "dieux-objets" (cf. Marc Augé) où la divinité choisit de se "représenter" au creux de la matière brute ou simplement de l'inanimé. Ainsi en est-il de ces to'o.
Avec eux, il ne s’agit pas d’un trop plein de matières accumulées comme il en est avec les objets vaudou, un « je ne sais quoi » de « pâte du monde » malaxée, fourrée d’ingrédients multiples ; mais un travail précis, d’entortillement, de ficelage, d’éléments enchevêtrés. Là, les mots ont été liés dans l’objet, la parole choséïfiée. Existe-t-il une fin à ce processus ? Si tel est le cas, il aura fallu une forme limitée pour faire advenir une présence. Je préfère penser qu’elle n’a pu finir que lorsque la parole a été liée et par conséquent ne pouvait connaître les limites de son enveloppe.

Michel-nedjar

Mais qu'ils soient contemporains ou issus d'arts traditionnels, ces objets sont agissants parce qu'ils soignent, protègent, exorcisent... Et si l'on semble ne discerner au premier regard qu'un simple fatras, un chaos insensé ; ne doutez jamais qu'il ne s'agit là que d'une apparente confusion dans laquelle la structure cachée permet à "ceux qui savent", les chamanes, les poètes ou les fous, de tenter de réparer les désordres du monde.
Photo 1 : Détail de l'escargot, oeuvre de Judith Scott, fin années 90.
Photo 2 : Détail d'un to'o © The Metropolitan Museum, photo de l'auteure 2011.
Photo 3 : Sans titre, Nedjar, Michel - v. 1981. Sculpture de chiffons et ficelles enduits de terre séchée haut. 50 cm © crédit photographique Collection de l’Art Brut, Lausanne.

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