Art Basel, lundi 12 juin, c’est le début des festivités du côté de la foire d’art bâloise. Après un passage en matinée à la fondation Beyeler et son incontournable exposition de Wolfgang Tillmans, notre périple commence avec Art Parcours, un projet curaté pour la seconde année consécutive par le suisse Samuel Leuenberger, fondateur de SALTS, situé à Birsfelden (BL), un espace d’exposition indépendant dont le projet est de présenter des travaux site specific de jeunes artistes helvétiques et internationaux. Cette année une fois encore, les artistes de cette section investissent les lieux historiques de la vieille ville de Bâle, autour de la Cathédrale…une occasion donc pour ne pas seulement se confronter à l’art contemporain, mais pour parcourir des lieux symboliques de l’histoire de la ville, voire des lieux généralement inaccessibles au public, notamment le Club de Bâle qui accueille l’installation « The secret life of things is open » de Wu Tsang, artiste américaine établie à Berlin. Une très belle installation historique de Gianni Colombo, « Spazio curvo » (1992) prend ses quartier dans les espaces de l’université de Bâle, tandis que les « Screen Shot » (2015) de Latifa Echakch occupe la très belle Münstersaal du Bischofshof – anciennement réfectoire des moines, puis salle de réunion du conseil de l’Université avant de devenir bibliothèque, puis de servir plusieurs causes avant son rachat en 1922 par l’église protestante qui depuis l’utilise pour des rencontres, concerts, etc. Parmi les 21 artistes représentés, quelques noms ne devraient pas vous être inconnus, comme Ai Weiwei ou Rirkrit Tiravanija, ou encore la suissesse Miriam Cahn à qui le centre culturel suisse de Paris et le Kunsthaus Aaarau dédiaient récemment une importante exposition (2014-2015). Le programme présente en effet un savant mélange de noms établis et d’artistes émergents, jouant sur le thème du passage de l’expérience intime, personnelle à l’espace public.
Une chose est sûre, armez-vous d’emblée du plan d’Art Parcours pour éviter de manquer une étape ou de vous perdre, à moins que vous n’optiez pour l’une des visites guidées (de mardi 13 juin à dimanche 18 juin à 15:30 en anglais ou 16:30 en allemand), histoire de vous simplifier la tâche. Mais si vous êtes sur place samedi, profitez de la soirée spéciale Art Parcours et de son programme de performance pour conclure votre séjour bâlois sur une note festive.
Art Parcours
Cliquer pour visualiser le diaporama.Après donc un début en douceur, il nous fallait passer aux choses sérieuses : Art Unlimited, ou la section dédiées aux œuvres de grandes dimensions, toujours dirigée par Gianni Jetzer, anciennement curateur du centre culturel suisse de New York et depuis 2014 curator at large au Hirshhorn Museum and Sculpture Garden à Washington. Section toujours appréciée pour son côté muséal, il faut remarquer cette année la présence non indifférente d’œuvres des années 1970 et 1980 : par exemple « Blue Star Linz » (1980) d’Otto Piene, artiste pionnier de l’art cinétique et environnemental, « Spazio Ambiente » (1970) de Enrico Castellani, considéré par Donald Judd comme le père du minimalisme, ou « Food for the Spirit » (1971-1997) d’Adrian Piper, appartenant à la première génération d’artistes conceptuels…pour ne pas citer Mac Adams « The Bathroom » (1978), Paolo Icaro et sa « Foresta metallica » (1967), Hélio Oiticica « Penetrável Macaléia » (1978) ou Carl André, « 20 Meter Steel Triangle » (1983) et j’en passe. Il faut dire que l’on commence seulement à pouvoir regarder cette période avec un certain recul et donc à en mesurer l’impact sur l’histoire de l’art en train de s’écrire. et le marché à (re)découvrir les pionniers qui écrivent l’histoire de l’art. C’est un phénomène que l’on retrouve notamment à la Documenta de Kassel, exposition quinquennale d’art contemporain fondée par le peintre et professeur d’art Arnold Bode pour réconcilier l’Allemagne avec l’art moderne international et qui vient d’ouvrir ses portes pour sa 14e édition. Mais revenons à notre temple du marché de l’art et à cette très bonne édition d’Art Unlimited qui me paraît fort poétique et esthétique, même quand elle parle d’actualité comme « Do I Look Like a Lady ? (Comedians and Singers)» (2016) de l’artiste américaine Michalene Thomas qui traite du féminisme et de la culture afro américaine dans l’intimité d’un confortable salon, soulignant finalement à quel point la culture au sens large naît et s’exprime dans l’espace domestique, ou avec « Untitled (Our people are better tan your people » (1994) de Barbara Kruger qui vingt ans plus tard reste d’une effrayante pertinence.
Art Unlimited
Cliquer pour visualiser le diaporama.Avant d’entrer dans le grand supermarché d’Art Basel, la Halle 2, je me suis offerte une belle matinée à VOLTA. Cette foire est tout d’abord un plaisir des yeux : la particularité de sa version bâloise – la foire est née à New York où a toujours lieu la première édition de l’année – est le soin apporté à la présentation des stands et la cohérence des propositions, le choix des galeries de traiter un à trois artistes maximum, de les faire dialoguer entre eux. Cette année je dois dire, je me suis également délectée d’un voyage d’exploration dans les matières, techniques de l’art, où les nouvelles technologies et matières permettent de revisiter l’artisanat tout en conservant le plaisir du « savoir-faire ». D’ailleurs, pour l’année prochaine, je vous conseille de lui réserver votre mardi matin pour une visite en toute quiétude où de nombreux artistes sont encore présents, après le vernissage du lundi. Moi, je rentre avec la ferme intention de suivre le travail d’un artiste irlandais, Alan Butler, qui mixe avec maestria les données du monde virtuel et du monde réel faisant écho à notre contemporanéité dans un langage fort esthétique.
Et sur ce, je vous donne rendez-vous à Bâle l’année prochaine !
– Carole Haensler Huguet
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Informations pratiques:
ART BASEL
13 – 18 juin 2017
Messe Basel, Messeplatz 10, Bâle, Suisse
www.artbasel.com
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VOLTA 13
Basel’s art fair for new international positions
12 – 17 juin 2017
Markthalle, Viaduktstrasse 10, Bâle