Je gribouille, tu gribouilles, ils gribouillent... partout ! Sur les murs, sur les chemises et les pantalons, sur les tables... Ah, la jouissance de laisser son crayon vagabonder n’importe où, n’importe comment et surtout là où c’est interdit ! Ce plaisir d’enfance, cet acte jubilatoire en forme de fines volutes anarchiques ou de gros pâtés de cancres envahissent le design contemporain. Une vraie revendication en cette année post soixante-huitarde : très tendance, il exprime la joie, le spontané mais surtout l’envie de faire ce que l’on veut sans contrainte ni contrôle. Quand on sait que gribouiller revendique une lointaine parenté avec gargouiller –en parlant des intestins- on imagine les soubresauts plus ou moins inconscients qu’ils expriment ! On le retrouve donc tout logiquement en sac à dos à roulettes pour ado en mal de tâches sur le site PlaneteBag (10,90 €, www.planetebag.com) ou en basquets multicolores pour fillettes psychédéliques chez Bata (29,90 €, www.batashop.fr). Car le gribouillis se porte haut en couleur. Dans la maison, le nec plus ultra est le papier peint pattes de mouches ! La succession anarchique de mots, cœurs, trompes d’éléphant et petites voitures sont signés Jean-Charles de Castelbajac (106 € le m2, Boussac). Le créateur n’en est pas à son coup d’essai puisqu’on lui doit déjà les premières robes graffitis réalisées en 1984 en référence à Andy Warhol. « Ce n’est pas avec tes gribouillis que tu réussiras dans la vie ! », aurait pu lancer les parents de Castelbajac à leur fils. A tort. Plus sage, le gribouillis peut prendre la forme d’une corbeille à fruits ronde en fil alambiqués d’aluminium chez Alessi (39 €, www.soliland.fr, design Fratelli Campana), une suspension en fibre de verre mélangée chez Conrad Shop (modèle « Random Light », 670 €, www.conradshop.fr) ou un luminaire en mousse polyuréthane chez Ligne Roset (516 €, design Hiroshi Kawano)... L’essentiel est de ne jamais suivre la ligne droite !