que parler aux dieux était
une activité
privée exercée
sous de lointaines
sous d’implacables étoiles
une prière grotesque et vaine
un truc qu’on faisait en contemplant
de vieux livres froids
écrits en vilains petits caractères
Puis j’ai découvert
qu’il ne s’agit pas de ça
du tout
Je peux trouver Dieu dans le « merci » d’une caissière du 8 à Huit
ou
dans le sourire tranquille d’un inconnu sur le parking
ou encore
dans le crissement des herbes sèches du désert Mohave en été
ou bien en regardant mes doigts
bondir bondir rebondir
sur les touches pendant trois heures
de vérité débridée
Dieu — pour moi — s’est avéré
un choix conscient
une expérience délibérée
exactement
comme
l’amour
*
Asking
For years I thought that
talking to the Gods
was an exercise
done privately
under
unforgiving
distant stars
ridiculous unrequited prayer
done by staring
at old cold books
with mean small print
But then I discovered
that just
ain’t
it at all
God can be found in the ‘thank you’ voice of the guy at the counter
at the 7-11
or
the quietness of a stranger’s parking lot smile
or
the rattle of weeds across a dry summer Mojave
or
watching my untethered fingers jump jump jumping
across the keys
deep in the middle of typing three hours worth of truth
God – for me – turned out to be
a conscious choice
a self-evoked experience
just
like
love
***
Dan Fante (Los Angeles, 1944-2015) – Kissed by a Fat Waitress (Sun Dog Press, 2008) – Bons baisers de la grosse barmaid (13e Note Editions, 2009) – Traduit de l’anglais (États-Unis) par Patrice Carrer