(poètes) Jim Rosenberg

Par Florence Trocmé


Jim Rosenberg est un pionnier de la poésie électronique internationale. Né en 1947 dans le Colorado, il commence vers 1966 à écrire des poèmes sur papier qu’il considère non-linéaires dans leur pensée. Dans les « Valences » ou « The Winding Interval » un vocabulaire issu de la psychologie systémique est intégré à des métaphores lyriques déconstruites. Les phrases semblent assemblées par des processus informatiques aléatoires, car Rosenberg est influencé par John Cage à ses débuts, mais sa poésie est entièrement composée et contient des récurrences de mots isolés. Sa série des Diagrams, commencée dans des revues d’avant-garde des années 70-80, relie les phrases par des lignes pointillées, associant des groupes de mots dans des « clusters » comme des notes de musique autonomes superposées. Les lignes graphiques forment alors des liaisons dans des « phrases » verticales qui s’articulent sur des signes inventés par Rosenberg qui déclenchent des chemins de lecture, souvent non prévus par la syntaxe conventionnelle du langage : symétries, juxtapositions, carrefours, boucles répétitives, superpositions, rotations, etc. Ces poèmes prenaient l’apparence de grands idéogrammes faits pour être imprimés sur des doubles pages à lire de haut en bas. Naviguant dans l’univers des informaticiens – il est programmeur pour gagner sa vie -, Jim Rosenberg ne s’intéresse pas au livre, il préfère alors tester les possibilités d’être publié électroniquement et est un des premiers poètes à y réussir : chez l’éditeur précurseur Eastgate aux USA (dont les disquettes sont devenues malheureusement inutilisables avec les nouveaux ordinateurs) et dans la revue française Alire de Philippe Bootz (sur une des premières générations de cd-roms). Ensuite il continuera à publier essentiellement une poésie électronique, étant un des rares poètes sans livre, passant sur internet (avec son site personnel) et réalisant des installations dans des festivals d’art numérique, écrivant des essais sur la littérature électronique. Ses derniers cycles de poèmes, des Intergrams (1992) à Inframergence (2013, inspiré par des peintures de Monet) complexifient les diagrammes et demandent l’interactivité du lecteur qui doit cliquer dans des blocs ou sur des articulations hypertexte animant une syntaxe, avec un ascétisme qui refuse le design multimédia, et tout en conservant une pensée lyrique cachée, étrange et dense.
Bibliographie sélective (électronique)
Intergrams , Eastgate 1992  (épuisé)
Diffractions Through / The Barrier Frames, Eastgate 1996 (épuisé)
Diagram series 6, Electronic Literature Collection, 2005 (fichier pour ordinateur)
The Inframergence , 2013 (édition sur homepage)
Publications en France (texte en anglais seul) :
Revue DOC(K)S / Alire, éditée par Philippe Castellin et Philippe Bootz, 1997 (livre + cd-rom)
Revue Alire n° 11, éditée par Philippe Bootz, 1999 (cd-rom)
Sitographie :
Diagram Series 6, téléchargeable gratuitement en fichier zip à partir d’une sélection d’œuvres internationales représentatives par un collectif spécialiste de la littérature électronique
et
Site personnel de l’auteur, énorme et riche.
Jean-René Lassalle