Comment interpréter l'abstention des élections d'hier ? Il y a la tentation, relayée par les journalistes, de penser que c'est un déni de démocratie, l'annonce de mouvements sociaux (pour la presse, une poignée de casseurs est bien plus démocratique que des millions d'électeurs), une désapprobation du gouvernement. Curieusement, les partis qui clamaient le plus fort ces thèses sont ceux à qui elles s'appliquent en premier.
Hier, j'ai constaté que des amis ne savaient pas quoi voter. Ce qui n'était un déni de rien du tout. Simplement le constat que leurs repères étaient bouleversés. Un sondeur confirmait cette impression : ses études montraient que ceux qui étaient le plus résolu à voter avaient voté pour M.Macron aux présidentielles. En outre, traditionnellement, les élections législatives connaissent une faible participation : tout s'est joué à la présidentielle, et l'électeur ne veut pas remettre en cause le choix collectif.
Bref, comme le disent certaines théories sur le changement, il semble qu'une grosse partie de la population attende pour se faire une opinion. L'abstention serait un doute légèrement favorable.
(Le dit sondeur qualifiait Mme Le Pen de "loser", elle a fait la preuve qu'elle n'avait pas la capacité de s'emparer de la présidence. Le FN ne sera jamais que marginal. Il est probable qu'il en est de même de tous les partis, en dehors de celui du président : aucun n'est plus crédible.)