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[Critique série] HOUSE OF CARDS – Saison 5

Par Onrembobine @OnRembobinefr
[Critique série] HOUSE OF CARDS – Saison 5

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Titre original : House Of Cards

Note:

★
★
★
½
☆

Origine : États-Unis
Créateur : Beau Willimon
Réalisateurs : Daniel Minahan, Alik Sakharov, Michael Morris, Roxann Dawson, Agnieszka Holland, Robin Wright.
Distribution : Kevin Spacey, Robin Wright, Neve Campbell, Patricia Clarkson, Michael Kelly, Paul Sparks, Derek Cecil, Joel Kinnaman, Dominique McElligott, Boris McGiver, Colm Feore, Kim Dickens…
Genre : Thriller/Drame/Politique/Adaptation
Diffusion en France : Netflix
Nombre d’épisodes : 13

La Critique de la saison 5 de House Of Cards :

Alors que, dans une réalité qui ressemble tragiquement à une fiction, l’Amérique écrit une page de son histoire au rythme des frasques du nouveau locataire de la Maison Blanche, House Of Cards continue sa route. Une série qui a su s’imposer avec son personnage de président outrancier et qui aujourd’hui se fait rattraper par la « vraie vie ». Parce que mine de rien, la question est légitime. Comment faire quand le vrai chef du monde libre agit n’importe comment, dans un mépris total du bien commun et des institutions ? Au début de la série, Frank Underwood, qui n’était d’ailleurs pas encore président, se détachait et incarnait une grandiloquence juste assez bien dosée pour justement souligner les travers de la machine politique, qu’elle soit américaine ou non d’ailleurs. Aujourd’hui que reste-t-il ? La question, les nouveaux showrunners, Melissa James Gibson et Frank Pugliese ont dû se la poser afin d’une façon ou d’une autre pour justifier une nouvelle saison après le départ du créateur du show Beau Willimon. Comment motiver le public à se passionner encore et toujours pour Frank Underwood quand il lui suffit d’allumer la chaîne infos pour assister aux frasques d’un véritable chef d’état ?

[Critique série] HOUSE OF CARDS – Saison 5

The Campaign

On comprend pourquoi Beau Willimon n’a pas voulu rempiler. D’une certaine façon, la quatrième saison de House Of Cards bouclait une boucle. Elle était arrivée au terme d’un cycle. Continuer signifiant prendre des risques, de se répéter notamment. Mais il faut aussi comprendre que la production ait voulu continuer, épaulée par le couple star Robin Wright/Kevin Spacey. La première qui non contente de jouer, réalise et produit. Preuve de son engagement et de sa foi en la série. Il faut comprendre car l’idée de voir les Underwood batailler pour conserver leur place dans le bureau ovale à l’heure des élections avait sur le papier quelque chose de plutôt excitant. Ils se sont donc lancés, toujours en suivant les enseignements de Willimon et en appliquant les codes mis en place par David Fincher lors de la première saison, pour ce qui est de l’aspect visuel du show. Dans une lumière bleutée, avec beaucoup d’élégance, froide comme le métal, la série prend à bras le corps son sujet et fonce, avant de trébucher. Une fois, deux fois, trois fois, parvenant à franchir la ligne d’arrivée moins en forme, un peu usée et marquée par des outrances qui ont affecté la portée de son discours pour l’attirer du côté de quelque chose de non seulement moins passionnant, mais aussi de suffisamment outrancier pour encourager à espérer que la fin ne soit plus très loin.

Péril en la demeure

Déjà émaillée de quelques rebondissements pas super inspirés, House Of Cards tente ici par tous les moyens de surprendre et de choquer en forçant régulièrement le trait. Le tout en essayant d’entretenir l’atmosphère qui a participé à son succès. Parfois ça marche vraiment bien, à l’occasion de scènes franchement réussies où la roublardise des personnages fait merveille et parfois ça dérape. Les premiers à morfler de ces dérapages sont certains personnages, beaucoup moins intéressants, comme Doug Stamper, le fidèle bras droit de Frank Underwood, autrefois si complexe et ici résumé au rôle de simple faire-valoir. D’autres intervenants sont tout simplement mis de côté d’un coup d’un seul. On pense notamment à Will Conway, le nouveau candidat qui s’oppose à Underwood, campé par Joel Kinnaman et à sa femme, interprétée quant à elle par la très convaincante Dominique McElligott. L’intrigue prend le risque de jouer sur plusieurs tableaux et ne fait pas toujours les choix les plus judicieux, forçant le trait, soulignant inutilement certains détails… Ce qui est d’autant plus dommage qu’encore une fois, la série fait toujours preuve à plusieurs reprises d’une flamboyance certaine.
Mais les ficelles sont trop voyantes et les scénaristes ont trop souvent recours à des facilités et à des raccourcis.

House-of-Cards-saison5-Robin-Wright

Y-a-t-il un président pour sauver la série ?

Parfois, House Of Cards finit par ne plus reposer que sur le talent de ses acteurs ; Kevin Spacey et Robin Wright en tête. Toujours parfaits, ils continuent d’incarner la moelle substantielle du show avec une prestance qui permet à l’ensemble de conserver une belle forme. Ils cristallisent l’attention. Surtout Robin Wright en fait, dont le personnage opère une montée en puissance salvatrice et tant pis si elle aussi doit faire face à des choix scénaristiques un peu étranges, semble-t-il uniquement motivés par une soif de sensationnalisme un peu putassière. Mais ils sont là, tous les deux, et rien que pour ça, House Of Cards parvient à garder la tête hors de l’eau. Ils arrondissent les angles et donnent du piment aux rebondissements, qu’ils soient bons ou moins bons. Neve Campbell sait aussi tirer son épingle du jeu, à l’instar de Patricia Clarkson, dont la seule présence confère un surplus de classe au show mais dont le personnage arrive un peu sans que cela ne soit vraiment justifié.

En Bref…
En fait, la saison 5 de House Of Cards est surtout maladroite. Ses intentions, à savoir nous offrir quelque chose de palpitant et pourquoi pas continuer à tendre un miroir pas si déformant à la face de la véritable administration d’un pays divisé, sont louables, mais l’exécution est parfois brouillonne et grossière.
Beau Willimon est parti et ça se voit. Le capitaine qui autrefois avait su manœuvrer sans se prendre le mur n’est plus qu’un producteur qui aurait probablement souhaité voir son œuvre se conclure. Sans lui, House Of Cards avance à vue et n’encourage pas la plus grande confiance concernant son avenir. Même si la dernière scène, et c’est là qu’on voit qu’ils sont quand même forts, donne envie d’en voir plus… Jusqu’à quand ?

@ Gilles Rolland

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  Crédits photos : Netflix


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