Ce parcours initiatique de Jean-Michel Othoniel passe également par Venise, chez les verriers de Murano. Rouge, ambre, bleu et Alessandrita, cette couleur qui évolue du violet à l’aigue-marine en passant par le gris, feront désormais partie de sa palette.
Au bout de ce chemin l’artiste trouve au Carré Sainte-Anne non seulement une architecture à la mesure du parcours qu’il souhaite retracer mais encore cette indicible qualité de l’espace, de la lumière, des couleurs portant ses œuvres à la hauteur du dialogue exigé par une création riche de cette histoire, de cette charge culturelle acquise au fil des siècles.
Si bien que la désignation d’art contemporain se fond alors dans cette perspective millénaire où le temps présent de ce siècle n’est que l’instant immédiat d’une relation au monde sans cesse revisitée. Avec la cinquantaine d’œuvres issues de sa collection personnelle, Jean-Michel Othoniel témoigne, depuis ces années quatre-vingt dix où il commence à s’intéresser au verre, de ce rapport à la civilisation. « Collier cicatrice » en verre rouge de Murano, « Bannières » de son exposition à la Fondation Cartier, « La géométrie amoureuse » de la salle Mésopotamienne du musée du Louvre, chaque proposition participe à cette chaine. Aujourd’hui, alors qu’un nouvel élément de langage voit le jour avec les briques bleues réalisées chez les verriers indiens de Firozabad, les créations de l’artiste ne posent pas dans ce lieu la question d’une présence contemporaine dans un cadre historique. La symbiose entre les perles de verre d’Othoniel, les vitraux du Carré Saine-Anne, le jeu changeant de la lumière au fil des heures sur ces pièces engendre cet étonnement permanent venu du fond des siècles.
Jean-Michel Othoniel est le contemporain de ses ancêtres du Paléolithique, des ses aînés médiévaux, des maîtres-verriers de Murano, de chacun de nous, visiteurs conviés au silence dans ce lieu où rien ne doit perturber l’attention visuelle sur de tels moments de lumières, de couleurs, de vibrations.
« La Mandorle d’or », « Les Amants suspendus », « Le collier Alessandrita », « La vierge du jardinier », chaque œuvre marque un moment sur ce chemin de civilisation, souvenirs de voyages, de rencontres faites par l’artiste à travers le monde. Cette relation aux autres, à l’espace s’exprime également par la présence du corps dans cet univers avec ce qu’il peut y avoir de douloureux ou de jubilatoire.
En mettant en scène par ailleurs le Trésor de la cathédrale d’Angoulême, Jean-Michel Othoniel , après huit années de travail, a affirmé sa position d’artiste et maître d’œuvre en associant tous les corps de métiers d’art à cette création unique. Les réalisations d’Othoniel, dans ce chantier démesuré, entendent faire écho aux dimensions de sacré, de spiritualité que le Carré Sainte-Anne de Montpellier offre aujourd’hui à ses perles de culture.
Photos de l’auteur
« Géométries amoureuses »
Jean-Michel Othoniel
Du 10 juin au 24 septembre 2017
C.R.A.C
26, quai Aspirant Herber
34200 Sète
« Géométries amoureuses »
Jean-Michel Othoniel
Du 10 juin au 24 septembre 2017
Carré Sainte-Anne
2 rue Philippy Montpellier
Voyage à l’invitation du C.R.A.C de Sète
et de la ville de Montpellier