Identifier des actions suisses de qualité et les valoriser (4/6)

Publié le 11 juin 2017 par Chroom

CRITÈRE 4 : LE DIVIDENDE

Le critère du dividende comporte trois variables :

  • Dividende actuel
  • Croissance du dividende
  • Payout ratio (couverture du dividende).

Idéalement, il faudrait un dividende d’au moins 2 à 2.5% pour démarrer sur de bonnes bases. Mais les choses ne sont pas aussi simples : J’ai dans mon portefeuille plusieurs actions magnifiques dont le dividende est de 1 ou 1.5% (p.ex. IVF Hartmann ou Lindt) et auxquelles je ne renoncerais pour rien au monde !

Si l’on investit à long terme, un dividende de 2 ou 3% qui augmente chaque année est préférable à un dividende de 4% qui reste figé. Un bel historique de dividendes croissants est un plus indéniable, meme si à ce niveau il est impossible d'être aussi exigeant avec des sociétés suisses qu'avec celles au pays de l'oncle Sam.

Des dividendes qui ne sont jamais coupés et augmentent depuis plusieurs décennies prouvent que l'entreprise gagne de plus en plus d'argent, qu'elle sait maîtriser ses coûts, qu'elle a confiance en ses perspectives bénéficiaires futures et qu'elle accorde de l'importance à son actionnariat. Par exemple, Nestlé, Roche et Novartis ont augmenté leurs dividendes année après année depuis 1996 au moins. Roche et Nestlé n'ont en outre jamais renoncé à verser de dividende depuis presque un siècle! Quel message donné aux actionnaires!

Idéalement, le dividende a crû en moyenne d'au moins 5% par année durant les 10 dernières années et cette augmentation doit être supportée par une augmentation des bénéfices et non par une augmentation du payout ratio.

Le payout ratio est le ratio de distribution et se calcule comme suit : le dividende divisé par le bénéfice par action. Un payout ratio inférieur à environ 65% est préférable, mais là aussi il ne faut pas être trop intransigeant au risque de passer à côté de véritables perles (p.ex. Burkhalter ou Inficon).

Les dividendes nous permettent de toucher régulièrement du cash (= une rente) sans avoir à vendre ses actions. Ils nous aident à patienter pendant les phases baissières du marché. Ils sont bien plus stables et prévisibles que l'évolution du cours de l'action ou des bénéfices. Les dividendes ne peuvent pas être aussi facilement manipulés que les autres chiffres, « ils ne mentent pas » comme l'écrivait Geraldine Weiss.

Comparons maintenant le dividende (courbe bleue) par rapport au bénéfice par action (courbe rouge) chez nos deux sociétés :

Chez EMS Chemie, nous observons un dividende (ordinaire) élevé, prévisible et sur une pente ascendante digne de l’Everest. Il a doublé en 6 ans !!! L’entreprise ne puise pas dans ses réserves, puisque le dividende évolue de façon plus ou moins parallèle au bénéfice par action.

NB : Par souci de simplification, je n’ai utilisé que le dividende ordinaire versé par EMS Chemie (sans compliquer l’équation avec le dividende extraordinaire versé fort généreusement par EMS Chemie).

Encore une fois, de lamentables montagnes russes chez Schaffner , ça me donne le mal de mer ! Autant le dividende que le bénéfice par action partent dans tous les sens. L’entreprise se moque royalement de ses actionnaires en changeant sa politique de distribution du dividende aussi souvent que de chaussettes... Le dividende a carrément été supprimé en 2017 (pour l’exercice 2016), ce qui ne surprend pas du tout quand on voit par exemple qu’il avait déjà été réduit en 2012.

La comparaison du degré de couverture du dividende chez nos deux entreprises permet de bien visualiser la stabilité et la prévisibilité d’EMS Chemie par rapport au chaos qui règne chez Schaffner :