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D’une intimité perdue

Publié le 26 juin 2008 par Gregory71

Donc voilà c’est fait, mon profil Facebook a changé et c’est un peu ridicule, car pendant plusieurs jours j’ai essayé sans y parvenir. Craignant que par cet acte quelque chose de définitif, qui par ailleurs avait déjà eu lieu, se réalise. Il y avait quelque chose de magique dans cette inscription sur Facebook. Peut-être mes scrupules venaient-ils de la socialisation de cette intimité perdue. Peut-être aussi plus simplement n’avais-je pas fait le deuil de celle-ci. D’ailleurs, je ne pense pas pouvoir faire le deuil, car pour cela il faudrait effacer le présent des souvenirs qui nous hantent le matin quand nous nous réveillons en l’absence de l’autre.

Voici une vie s’effaçant. C’est assez étrange et dramatique, mortifère, des projets s’effondrent, d’autres reprennent leur chemin et toujours ce sentiment d’abandon, que l’autre, même si vous avez pris la décision, se dégage à une vitesse folle de vous. Distance absolue de cette intimité perdue. Est-ce de la protection ? J’aimerais y voir encore quelque chose de l’amour, fut-ce dans la séparation, justement à ce moment précis du dégagement quand l’altérité revient brutalement. Elle ne vous avait bien sûr jamais quittée, mais là elle est totalement à elle-même puisque vous ne pouvez plus vivre avec elle. Vous ne pouvez négocier avec l’altérité. Et donc à ce moment précis, vous l’aimez, pas plus, tout autant de façon différente, comme une légère inclinaison de vos sentiments.

Il y a en moi quelque chose qui palpite à présent, la vibration d’une vie. Le refus sans doute de subir la colère de l’autre même s’il vit bien avec, la volonté éthique de l’entente comme deux enfants qui se sont trouvé dans une cour de récréation et qui un peu bouche bée commencent à jouer ensemble. La terrible solitude de l’amour parce qu’au moment de certains départs on sait aimer véritablement.

Rien d’autre finalement que le mouvement de ces vies qui se croisent, de ses frémissements du corps, de ces plaisirs quotidiens, nourriture et lit ensommeillé, le simple plaisir d’une peau rencontrée un matin dans la lueur d’une fenêtre frémissante. La création artistique est un prétexte, puisqu’il faut bien faire quelque chose d’autre, avoir une activité et si possible exigeante. Mais se glisser dans la chaleur matinale, simplement sentir cette bouche qui vous attend jusque dans son sommeil, qui vous appelle, votre main posée sur une courbe qu’elle reconnaît, le hasard absolu de l’amour.

J’y reviendrais.


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