Après avoir gardé un silence complice sur tant de sujets scandaleux, ça y est, la presse de rebiffe pour de bon. Yap-yap-yap : Sarkozy fait main basse sur la télé, et c’est une honte !
Rendez-vous compte, spectateurs avachis ! Il va nous / vous abreuver de propagande par l’intermédiaire d’une télé aux ordres. L’indépendance des médias, comprenez-vous, est “mise en cause”, comme nous l’explique Libé.
Sacré Libé, qui la semaine dernière, envisageait de confier la rédaction d’un numéro entier à la femme du Président aujourd’hui accusé de prendre le contrôle des médias…
Pour ma part, l’indépendance de la tévé, je m’en fous avec une constance de bonze zen.
D’abord parce que la tévé est un média condamné à brève échéance. Dans un paysage médiatique de plus en plus segmenté, la tévé généraliste et son robinet à consensus fangeux ne parlera bientôt plus à grand monde. Ensuite parce que j’ai toujours considéré la tévé comme un outil d’abrutissement, que je n’en possède pas, et que je ne l’ai pas regardée depuis au minimum 15 mois : si tu ne veux pas être endoctriné, ta tévé, tu peux toujours l’éteindre. Enfin parce que si un ORTF nouveau genre apparaît, cela ne changera tout simplement rien. La tévé publique ne fait pas de propagande en ce moment ? Elle est indépendante ? Elle éclaire les masses peut-être ?
Ce qui nous ramène à l’indignation des médias, étrangement tonitruants quand on pense aux couleuvres qu’ils avalent habituellement avec gourmandise : hurler leur permet, une fois encore, de s’imaginer qu’ils sont indépendants ; et hurler avec eux permet aux hurleurs de se croire dotés d’un sens critique (”oui, je passe 3h par jour devant ma tévé, mais moi, je la regarde avec distance, je choisis, j’analyse”, nous dit généralement le type d’à-côté qui s’ingurgite, l’oeil glauque et le neurone mou, les séries les plus connes).
Mais si l’on garde à l’esprit la servilité avec laquelle France 2 (d’après ce que je grapille sur le web) diffuse déjà la soupe sarkozyste et avec quelle constance elle ouvre les vannes à pathos en toute occasion, on comprendra que cette histoire est encore une indignation purement médiatique.
Car ce que réclame la presse pour la tévé, c’est, en gros, qu’elle puisse continuer à lécher les bottes du pouvoir en place, mais sans qu’on lui dise de le faire de manière trop appuyée. Et qu’on lui laisse l’illusion qu’en ce moment, elle porte haut le flambeau de l’indépendance (cf. Libé).
En un sens, la presse a raison : pourquoi chercher à contrôler les médias ? Ils se couchent déjà très bien tout seuls.
Et si cette grotesquerie sarkosyte vous ulcère, faites ce que vous auriez dû faire depuis bien longtemps. Balancez votre tévé par la fenêtre. C’est le bon moment…