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Eclats de vie, d'Anne-Lise Rod

Publié le 09 juin 2017 par Francisrichard @francisrichard
Eclats de vie, d'Anne-Lise Rod

Éclats de vie, d'Anne-Lise Rod, est un recueil de quatre nouvelles. Si l'expression qui lui donne son titre n'apparaît que dans un dialogue de la dernière, elle résume bien pourtant ce qui advient aux personnages de toutes: il existe une bombe à retardement dans leur existence qui ne peut que conduire à son éclatement.

Dans Le pont de lumière, la mère agonisante de Joseph Kahn demande à son fils d'ouvrir un tiroir de sa table de nuit dans lequel se trouve une adresse, celle du Dr Emma Delacroix, et prononce ces ultimes paroles, énigmatiques, après lesquelles elle se tait pour toujours: Va la voir... j'ai attendu trop longtemps...pardon.

Dans Jaillissement de l'ombre, Pierre voit une femme dans la rue, à peine 25 ans, prête à s'effondrer, après avoir jeté quelque chose dans un container. Il l'invite à prendre un café, puis, l'emmène dans son appartement vide - sa femme l'a quitté six mois plus tôt. Pendant qu'elle dort, pris de doute, il va voir ce qu'elle a jeté: un bébé.

Dans La lumière éphémère de l'ange, Lia reçoit une confidence de son amie Maude. Dans son cabinet, Djarda lui a révélé être l'enfant d'un criminel et avoir vu son père tuer sa mère à coups de couteau. Elle se demande si elle doit en parler à ses parents adoptifs. Qui, le lendemain, meurent dans un accident, où Djarda est blessée.

Dans Les fils où se tissent l'aurore, Camille, en vacances à l'Ile-Rousse, en Corse, s'éloigne un peu trop du rivage. Le vent se lève. Les vagues déferlent. Elle est entraînée au large. Elle se débat dans l'eau. Heureusement le bateau de sauvetage quitte la plage et se dirige vers elle. Elle est secourue. Ses angoisses se rappellent à elle.

Dans ces quatre nouvelles, il est question d'ombres et de lumières (jusque dans les titres qui leur sont donnés), d'unions et de séparations, d'amours et de morts, de filiations et d'adoptions, de crimes et de châtiments, de bons et de mauvais tours que joue le destin, de chutes physiques, et morales, et de saluts métaphysiques, et artistiques.


En guise d'épilogue, un gypaète, qui a suivi les quatre récits, se fait leur oiseau de liaison. Recueilli par un humain, Marc, il comprend leur langage; il connaît leur écriture, que Joseph lui a apprise; il éprouve de l'empathie pour eux tous; cet oiseau de bonheur ne peut s'empêcher d'intervenir pour que l'un d'entre eux cesse de l'attrister.
 

Dans une de ces nouvelles, un poème, Amour, d'un métaphysique anglais, cité dans Attente de Dieu de Simone Weil, est reproduit. Or, dans ce livre, la philosophe parle de la joie et de la douleur. Ce qu'elle en dit pourrait permettre au lecteur de les transcender s'il était désemparé par les récits d'Anne-Lise Rod où l'une et l'autre sont bien présentes:

La joie et la douleur sont des dons également précieux, qu'il faut savourer l'un et l'autre intégralement, chacun dans sa pureté, sans chercher à les mélanger. Par la joie la beauté du monde pénètre dans notre âme. Par la douleur elle nous entre dans le corps.

Francis Richard

Éclats de vie, Anne-Lise Rod, 256 pages Hélice Hélas


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