L'avenir du crédit émerge, chez Amazon

Publié le 10 juin 2017 par Patriceb @cestpasmonidee
Bien qu'on ait facilement tendance à l'oublier, Amazon est un établissement de crédit et il vient aujourd'hui nous rappeler qu'il devient progressivement un acteur avec lequel il faut compter, comme en témoignent les 3 milliards de dollars prêtés à plus de 20 000 PME américaines, britanniques et japonaises depuis le lancement de son offre en 2011, dont 1 milliard au cours des 12 derniers mois.
Le modèle est désormais rodé et commence donc à démontrer son efficacité. Grâce à sa connaissance des entreprises qui utilisent sa plate-forme pour vendre leurs produits – basée non seulement sur leur activité commerciale mais également, par exemple, sur leur qualité de service, telle qu'elle ressort des avis des clients –, Amazon dispose d'une position avantageuse pour identifier avec une certaine fiabilité celles qui sont dignes de bénéficier d'un crédit (entre 1 000 à 750 000 dollars, sur 12 mois maximum).
Mais la spécificité d'Amazon réside avant tout dans sa méthode de distribution. En effet, à aucun moment une PME n'a-t-elle la possibilité de solliciter un prêt. Au contraire, les partenaires considérés éligibles par les algorithmes du géant du e-commerce sont spontanément « invités » à bénéficier de l'offre. Et, dans le cas où ils l'acceptent, les formalités sont réduites au minimum : il suffit, pour ainsi dire, d'indiquer le montant désiré (dans la fourchette proposée) et les fonds sont versés sous 24 à 48 heures.

Amazon se vante d'utiliser des techniques d'apprentissage automatique (« machine learning ») dans la mise en œuvre de sa solution, mais leur usage n'est pas précisé. Or, s'il est évident que le « scoring » des entreprises est directement concerné, il est tentant d'imaginer que la sélection de celles à qui est soumise une offre de crédit et le choix du moment où l'invitation est émise sont eux-mêmes déterminés en fonction d'une évaluation de leur situation et de leur besoin potentiel (et contextuel) de financement.
Si tel n'est pas encore le cas aujourd'hui, il fait peu de doute que ce raffinement sera introduit un jour prochain. À terme, en prolongeant le modèle, les professionnels (en attendant une déclinaison pour les particuliers) disposeraient ainsi d'un assistant intelligent capable de leur proposer automatiquement le crédit dont ils ont besoin quand ils en ont besoin et dans la limite de leur capacité de remboursement. Alors, à moins qu'ils ne développent des facultés similaires (qui sont techniquement à leur portée), les acteurs traditionnels auront du mal à lutter contre la concurrence d'Amazon…