Si la plupart des non musulmans et des athées sont nombreux en Kabylie, les non-jeûneurs sont aussi nombreux en dehors de la Kabylie. « Je vis à Constantine depuis 25 ans et je connais les habitants de cette ville mieux que ceux de ma ville natale Vgayet, je vous affirme que les non-jeûneurs sont très nombreux dans cette ville arabophone.
A Constantine, comme certainement le cas ailleurs, les non-jeûneurs sont très nombreux. Sauf qu’ici on ne mange qu’en cachette, contrairement en Kabylie ou les gens jouissent de certaines libertés et de tolérance de la société », nous confie Ravah, un ingénieur kabyle installé en famille à Constantine. « Moi aussi je n’ai jamais observé le jeûne, mais je ne prends jamais le risque de manger devant tout le monde ou les voisins de peur de représailles » ajoute notre interlocuteur. « Certes, certains observent le jeûne à Constantine avec conviction, mais je peux vous affirmer qu’une bonne partie le fait par hypocrisie et ceux qui ne jeûnent pas sont hypocrites.
Si j’ose manger en plein public, les non-jeûneurs Constantinois seront les premiers à me lyncher » ajoute Ravah. «On peut vous pardonner même un vol, un viol ou je ne sais quel pêché, mais jamais on vous pardonnera de ne pas jeûner, ceci dans la plupart des régions algériennes » affirme notre interlocuteur.
Même son de cloche du côté de l’ouest Algérien où la communauté kabyle est plus nombreuse. A Oran, les non-jeûneurs sont plus nombreux, mais ils ne l’affirment jamais. « Ils font la prière, ils vont plusieurs fois par jour à la mosquée, mais ils mangent en cachette. Certaines femmes de cette ville observent le jeûne la journée et s’adonnent à la prostitution le soir. Ça c’est connu dans l’Oranie», nous informe le jeune kabyle Belkacem, un gérant d’un restaurant, installé depuis des années à Oran.
Ravah Amokrane pour Tamurt