Jean-Michel Othoniel CRAC Sète 2017
« Géométries amoureuses »
« Au début j’ai commencé par enfiler des perles… » confie Jean-Michel Othoniel à l’occasion des deux grandes expositions qui lui sont consacrées à Sète et à Montpellier. Avant même d’examiner plus avant chacune de ces manifestations, c’est une impression singulière qui domine à la vue des deux expositions : dans l’espace cubique, sobre, voire austère du C.R.A.C de Sète, j’y ai vu un artiste contemporain investir ce white-cube imposant. Dans la somptueuse nef du Carré Sainte-Anne à Montpellier, ancienne église construire au dix neuvième siècle, j’y ai découvert un artiste Vénitien, porteur des secrets des verriers de Murano. C’est du même Jean-Michel Othoniel qu’il est question avec pourtant cette sensation tenace de se trouver en face de deux œuvres selon les lieux habités.
Au-delà des amateurs d’art, l’artiste s’est fait connaître du grand public avec la station de métro Palais Royal à Paris, « Le kiosque des Noctambules », réalisation qui, une fois passée la polémique du moment, se signale depuis l’an 2000, comme une exception dans le paysage métropolitain. Et si les perles et les colliers sont devenus la marque de reconnaissance de son œuvre, l’actualité de son travail contribue à porter un autre regard sur cette démarche.
« Géométries amoureuses » est le titre générique qui recouvre ces deux présentations.
« La grande vague »
« La grande vague » J.M. Othoniel C.R.A.C Sète 2017
Au C.R.A.C de Sète, où Noëlle Tissier s’apprête à clore ses vingt années d’expositions exigeantes, quelque chose se passe avec une réalisation inédite de l’artiste: « La grande vague ». En hommage à la première photographie réalisée à Sète par Gustave Le Gray, JM Othoniel s’est lancé dans une entreprise délicate : pas moins de dix mille briques de verre noir font l’objet d’un montage complexe pour aboutir à cette vague de six mètres de haut et quinze mètres de long. Pour se libérer de son multiple fétiche, ces perles obsessionnelles, l’artiste a donc mis en chantier une production à haut risque en s’entourant d’une logistique technique imposante.
La brique de verre noir qui participe à l’élévation de cette pièce unique créée pour le lieu se révèle donc comme un nouvel élément de vocabulaire pour l’artiste tout en lui permettant de continuer à jouer avec la lumière comme c’est le cas dans l’installation du Carré Saine-Anne à Montpellier.Le Centre régional d’art contemporain de Sète, avec le dépouillement architectural de ses espaces, laisse aux artistes toute la place pour que s’expriment leurs propositions. Et si La grande vague d’Othoniel se réfère au photographe Gustave Le Gray, c’est celle du Tsunami de 2011 qui reste gravée dans la mémoire de l’artiste présent au Japon à l’époque pour préparer une exposition.
Pour autant c’est avec son élément fétiche, la perle de verre, que les autre salles du C.R.A.C s’ouvrent au mouvement, revendiqué comme autant de tornades qui se déploient dans toute la hauteur des lieux. Ces constructions, apparemment fragiles, peuvent être mises en mouvement comme autant de mobiles qui intègrent le spectateur dans son amplitude.
J.M. Othoniel salles du C.R.A.C Sète 2017
Dans ce que l’artiste revendique comme hommage à la beauté du matériau, il faut témoigner de ce qui relie cette production au monde à travers son histoire, sa culture. Histoire de la photographie, alchimie du verre, obsidienne des volcans arméniens, Dürer, Mallarmé, Giacommeti… A chaque instant de ce parcours c’est la mémoire des hommes, leur approche de la découverte, de l’invention qui interviennent dans la création de ces perles de culture.
L’atelier parisien de Jean-Michel Othoniel se trouve rue de la Perle. Chassez le naturel… (A suivre)
Photos de l’auteur
« Géométries amoureuses »
Jean-Michel Othoniel
Du 10 juin au 24 septembre 2017
C.R.A.C Sète
« Géométries amoureuses »
Jean-Michel Othoniel
Du 10 juin au 24 septembre 2017
Carré Sainte-Anne
2 rue Philippy Montpellier
Voyage à l’invitation du C.R.A.C de Sète
et de la ville de Montpellier