Parfois, les petites horreurs que nous puissions imaginer cachent les grosses que nous ne comprendrons pas tout de suite. Dans la série The Handmaid's Tale sur Bravo, il y a un de ces moments où notre personnage principa se fait dire pourquoi le chandelier de sa chambre a été déplacé. Une autre femme avant elle, une femme utilisée comme procréatrice par son riche maître, s'en est servi pour se pendre.
C'est une scène toute simple, soulignée par une peur étouffée dans le regard où rien n'est montré. Où tout y est suggéré. C'est une petite horreur dans le spectre des grandes horreurs. Ce moment décrit assez bien la brutale réalité de Gilead, théocratie patriarcale d'Amérique, pensée et écrite par Margaret Atwood en 1985, maintenant adaptée en épeurante série télé sur Bravo.
Dans le livre comme dans la série, Offred est une servante. L'une des rares femmes fertile, forcée d'avoir des liaisons sexuelles avec des hommes d'influence puissants et riches, et de porter leurs enfants à terme. On nous parle pas d'un monde égalitaire, on nous montre un univers où Hommes et Femmes sont confinés dans des rôles bien précis.
Mais nous avons, de nos jours, bel et bien notre propre Gilead.
La science-fiction d'Atwood n'a peut-être de science-fiction que la science.
Et pas mal moins, la fiction.
Les flashbacks de la série télé nous montre une Amérique qui serait la nôtre de nos jours. Offred (alors June dans le passé) est escortée hors de son bureau quand les femmes n'ont plus le droit d'avoir un salaire. Son guichet automatique le lui confirme. Ces oppressions sont moindres par rapport à tout ce qu'elle aura a endurer sexuellement par la suite. Nous travaillons, nous avons accès à de l'argent. Petites horreurs, cachant la violence des plus grosses.
La fameuse écrivaine de 77 ans qui a passé la majeure partie de son enfance entre les forêts du Nord du Québec, Sault Ste-Marie et Toronto a construit son univers dystopien en s'inspirant du traitement des femmes allemandes, dont elle apprenait l'histoire, pendant le régime nazi. Femmes largement encouragées à recréer la race aryenne le plus souvent possible. Les livres brûlés en Chine aussi l'ont beaucoup inspirée. Les codes vestimentaires et l'iconographie religieuse de l'Allemagne de l'Est l'ont également beaucoup influencée.
Le succès actuel de la série coïncide avec l'arrivée d'un président rétrograde et misogyne aux États-Unis. Depuis le début de la série, des femmes ont protesté publiquement en silence dans des lieux publics, comme sur cette photo dans une cour de justice du Texas, afin de dénoncer l'inégalité entre les hommes et les femmes d'Amérique, habillées comme les personnages victimisés de la série.
Ce futur, pour ses pauvres femmes, c'est maintenant.
Un navrant président au pouvoir aux États-Unis ou non.
L'inégalité envers les Femmes est bien réelle.
Loin de la fiction qui nous donne des frissons.
Il s'agit d'une petite horreur en cachant une très grosse.