En matière de politique étrangère, les grandes lignes sont souvent tracées en fonction des intérêts fondamentaux objectifs de l’État. N’importe quel état. Et ce, indépendamment des options idéologiques du pouvoir en place. Bien sûr que cela ne signifie nullement l’oubli des fonctions symboliques de représentation fondées sur la défense de la Souveraineté nationale. Je rappelle, pour mémoire, deux prises de position historiques qui peuvent illustrer cette volonté que la Tunisie a toujours eue de signifier cette Souveraineté. La première, lorsque Saddam Hussein avait débarqué à L’Aéroport de Carthage, en Novembre 79, pour participer au Sommet de Tunis dont il devait présider la séance d’ouverture et passer le relais de la présidence de la Ligue Arabe à Bourguiba. Avant l’arrivée de l’avion de Saddam, un avion cargo irakien avait atterri et 150 soldats lourdement armés avec char et ambulance devait occuper tout l’aéroport et en fermer tous les issus. Après l’atterrissage de l’avion présidentiel irakien, Hédi Nouira , accompagné de Bourguiba Junior, avait signifié à Saddam, qu’il se devait de retirer ses soldats et son char, sinon il ne serait pas le bienvenu et le sommet serait annulé. Saddam avait insisté pour qu’on lui laisse l’ambulance. Ce qui fut fait. La seconde, c’est lorsque Bourguiba avait reçu Bush Père, en tant que vice-Président des États Unis, au moment du siège de Beyrouth et auquel Bourguiba devait déclarer : « Israël est l’enfant gâté de l’Amérique.Votre position me fait même regretter d’avoir considéré, par le passé, l’Amérique comme un pays amis (propos résumés par moi-même). Béji, qui était Ministre des Affaires étrangères de l’époque se souvient certainement du contenu exact de cette déclaration. Pour ma part, j’avais signé l’éditorial du quotidien l’Action que j’avais intitulé » Amitié n’est pas allégeance », après avoir assisté à Kar Essaada à la Marsa, à la conférence de presse de Bush dans laquelle il s’était présenté en jean pour traiter l’OLP, d’organisation terroriste.
Aujourd’hui je constate que certains reprochent à la Tunisie sa neutralité dans le différent qui oppose la famille Saoud à la famille Al Thani, dont les choix politiques sont, en fait les deux variantes de la politique étrangère américaine au Proche Orient. Celle, relativement commune, aux Républicains et aux Démocrates et qui avait érigé le Qatar en partenaire à part entière, dans l’application de cette politique. La seconde variante est celle de Trump à laquelle, la famille Saoud, en danger de perdition, s’est accrochée, pour reprendre son rôle de favori des Américains et ce, en payant le prix fort. La position du Qatar semble dictée par l’espoir de voir Trump évincé du pouvoir, avant la fin de son mandat. D’où l’on comprend qu’il continue à cautionner l’accord nucléaire avec l’Iran. La position de l’Égypte et des Émirats semble, quant à elle, semble relever du souci d’accompagner La Saoudie pour ne pas la laisser glisser vers une position suicidaire qui pourrait être nuisible à toute la région.
En continuant à vouloir soutenir coûte que coûte les Frères Musulmans et leur Jabhat Ennosra, le Qatar continue, en fait à espérer faire aboutir son « Printemps, Arabe » en s’acheminant, à son tour, vers une défaite certaine et même annoncée.
Et à propos de ce « Printemps arabe » Américano-Qatari, dont le Cheval de Troie a pour nom les Frères Musulmans, l’on oublie souvent qu’il comportait comme programme de renverser, également,la famille Séoud. Les images génériques de propagande consacrée à la Révolution par Al Jazira, comportaient , aux côtés des drapeaux Tunisien, Libyen Égyptien Syrien , Yéménite , celui de Saoudie.