COUPÉ DE PARAFFINE
c’est la saison la belle saison
des parades politiques
publicitaires militaires mensongères
paroles paroles paraboles
bon lait cathodique
à tous les foyers du monde
brouillards matinaux laxatifs longue durée
paranoïa planquée paravents pare-chocs
pare-brise pare-balles pare-tout
sauf des parangons de bêtise
chacun sa part
lèche mon parabellum
ô mon beau parachute à dorer
paix aux paradis fiscaux
paroxysme des temps bénis oui-oui
de paramnésie paraphrase paraphasie
bazar du paraître bon cœur paralysé
acte de soumission à parapher chaque jour
et avec le sourire, bravo
parodie c’est parfait !
.
LA VILLE
traîne au lit sa misère
la ville matin crasse
coulé gris dans lavabo
journée nausée in caniveau
ne peut s’enfuir la ville
incarcérée bouclée périphérique
ses au-delàs dévastés
visent un cœur déjà mort
cités rageuses couturées de bitume
éblouies de bleu tournis
toussent crachent leurs pans
de cervelle bétonnée
la ville se couche en chienne
fatiguée d’avoir trop mis bas
rêves et crapules
et se laisse mourir
sous ses phares
de feintes opulences
sirènes tapageuses
sur ses trottoirs crottés
s’en meurt la ville
grise au sang caillé
.
DES PEAUX DE NUIT
sous l’ongle l’écharde
passage forcé
l’ennui le mensonge
nuit efflanquée
à paupières mauves mangées
par l’effort de tenir
et tenir encore
serrée contre soi
la petite douleur de l’amour
la valise rongée
fiévreuse mémoire
les cous flasques font le guet
les poches crèvent d’un trop-vide
mémoire bouffie huile rance
fragments gris des peaux de nuits
carreaux sales candeur jaunie
à-quoi-bon persiste et gagne
.
EXIL
failles fissures entailles blessures
par où se glissent les condamnés
fuite dans la gueule puante du mépris camouflé
sous de belles déclarations avec lesquelles
le grand commerce se torche
et chacun chacune
clandestin clandestine
promu étranger étrangère
à sa propre existence
clouer son sourire
ne pas faire de bruit de remous
ne pas déranger
à l’étroit d’affublements de convenance
mâchonner une langue malapprise
qui écorche la bouche
cloue le sourire
.
C’EST TENDANCE
nos dirigeants paternalistes
ces coquelets phallocrates
dînent en complet guêpière
et prédisent notre avenir
dans leurs boules de geisha
les mercredis ont rendez-vous
dans les latrines très publiques
avec des ouvriers qualifiés
aux très brutales manières
ainsi se sentent-ils
proches du peuple
.
CONSOMPTION
joker triste mine
léthargie dégainée
folie compensatoire
à la foire aux paumés
où la terre est égale
à elle-même
profonde
la merde n’a paraît-il aucune saveur
les substances taboues ne nous gênent plus
nous cherchons les sutures de l’extrême limite
sans jamais connaître le nom de l’opérateur
il n’y a personne au bout du fil
pas même un corps qui se balance
seulement ces voix surfaites
parfaitement anonymes
une anesthésie en boucle
profondément insipide
j’en ai d’autres encore…
.
brève bio : Cathy Garcia Canalès, ce n’est pas encore le nom dans toute son intégralité, mais ça viendra, poètiste, artiste, revuiste, que des trucs bizarres et encore je ne dis pas tout. Vit dans une réserve naturelle. Aime le vin de sureau.
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