Après avoir bravé la tempête en 2016, le Hors Bord Festival hissait à nouveau ses voiles cette année pour une version 2017 augmentée. Le jeudi 18 mai, le festival lançait les festivités avec une soirée gratuite permettant au plus grand nombre de venir découvrir son nouveau site.
Hors Bord plus grand, Hors Bord plus fort
Toujours situé sur la Dalle du Pertuis aux Bassins à Flot, le festival a en effet renforcé son équipage avec un site plus grand (7000m² contre 4000 l’an passé), une scénographie inédite, un grand village d’animations, 2 scènes, 3 espaces chill-out, 7 restaurateurs, un disquaire, un tatoueur et bien plus. Le ton est donné : Hors Bord a beau être un événement citadin, il n’en reste pas moins un vrai festival offrant une expérience complète à son public.
Une fois n’est pas coutume : la formation Hors Bord Soundsystem (programmateurs du festival) lançait les hostilités encore cette année avec un set éclectique offrant un aperçu de ce qui attendra le public au fil des 3 jours à venirs. Le Pop-rock sera à l’honneur pour la suite avec Lomboy, puis l’excentrique Buvette pour un concert à la hauteur de nos attentes, et enfin, le très attendu groupe anglais Death In Vegas. Les maîtres incontestés de la Cold-Wave nous ont offert une belle performance planante et acid avant de laisser les platines au génial Kosme pour un set enflammé qui sera pour nous LE grand moment de cette soirée d’ouverture.
Après le set majestueux de Kosme, le talent local Laroze nous attendait de pied ferme à l’Iboat pour la première nuit du festival. Armé de ses dernières pépites, le jeune producteur et DJ a assuré le warm-up d’une main de maître pour mettre en condition l’arrivée de la nouvelle garde-française, Mézigue et Mad Rey, fraichement revenus d’une tournée en Australie au mois de mars. Les deux compères ont fait chavirer le bateau en prenant tour a tour les platines pendant 4 heures. A l’image des deux artistes, le set a été très éclectique, avec des passages Broken-beat, Acid, mais aussi de la Jungle qui revient en force en France après quelques années de passage à vide. La ligne directrice était tout de même majoritairement House et les deux artistes revenaient très souvent à des titres beaucoup plus deep et groovy… nous offrant ainsi une très belle nuit d’ouverture.
Un back-to-back mémorable entre MCDE et Antal
Le vendredi, les jambes sont déjà lourdes mais le festival n’ouvre ses portes qu’a 17h, ce qui laisse le temps de se reposer pour la longue (et belle) soirée qui nous attend. Nous arrivons sur le site un peu avant 20h pour l’un de sets que nous attendions avec le plus d’impatience : le back-to-back entre deux des meilleurs diggers au monde : MCDE et Antal. Comme prévus, les deux DJs nous ont régalés d’un set de quasiment trois heures d’une efficacité et d’une beauté sans pareil. Le boss du label Rush Hour et le jeune prodige de Stuttgart sont amis et cela se ressent dans leur set. Très complices, ils se sont amusés sur scène et ont sortis de leurs bags de vinyles respectifs des disques obscurs de très grande qualité. Parfois Africain, Acid ou House, le groove était toujours présent et le public en liesse. Antal à même eu le plaisir de nous passer le tube « Spies Are Watching Me » du groupe français Voilaaa (produit par Bruno « Patchworks » Hovart), un grand moment.
crédits photo : Nicolas Duffaure Photographies
Après des applaudissements chaleureux du public a la fin du set, moment de flottement avec les balances assez longues du groupe de rock canadien Suuns. Remontés à bloc avec l’excellent back-to-back de MCDE et Antal, et fraîchement ravitaillés avec une grande pinte de bière et un Bo-Bun au poulet mariné, la mayonnaise, elle, n’a pas pris pour le live assez expérimental de Suuns. Nous décidons de partir nous dégourdir les jambes pour la fin de la soirée à l’Iboat avec un line-up résolument Techno et des sonorités Dub pour Beatrice Dillon, Breakbeat pour Objekt et de la Techno bien dense avec le DJ bordelais Loner qui jouait récemment au Trésor à Berlin. C’est le jeune Objekt qui nous scotchera avec son set au-delà de nos espérances. En plus d’être un excellent producteur, l’Anglais a mené son set de la plus belle des manières, avec de la Techno efficace et de magnifiques ruptures gorgées de Breakbeat, de Bass-music et d’acidité, à l’image de ses productions.
Omar S : bouquet final du samedi
Le samedi, après un restaurant entre copains dans le quartier des Chartrons (à deux pas du festival), pas le temps de tergiverser puisqu’il nous était impossible de louper le live de Roméo Elvis à 17h, moment fort du Hors Bord. La scène rap belge marche très bien en ce moment, avec de très nombreux talents d’une qualité inouïe. L’un des fers de lance de cette scène est bien évidemment notre cher Roméo qui nous a tout gratifié de l’une des plus grosses performances du Hors Bord. Bruxelles est bien arrivé, Bordeaux était là pour la recevoir, et on ne risque pas de l’oublier de sitôt.
Après cette mise en jambe délicieuse, la suite de la soirée avait des airs de paradis sur terre pour nous… avec une programmation enchaînant DJ Koze, Floating Points et Omar S. Que demander de plus ?
Dj Koze, on s’y attendait, nous a régalé avec un set à l’atmosphère délicate, très éclectique, guidé par des rythmiques puissantes… parfait après Roméo Elvis et avant Floating Points. Sans surprise, ce dernier a été l’un de nos gros coups de coeur du festival. Son alternance entre pépites Disco, Funk et House, le tout sur fond de coucher de soleil pendant son set, ont bercé la Dalle du Pertuis d’un mood incroyable. Vers 22h30, il laisse les platines et un public bouillant à l’homme que tout le monde attendait, une légende vivante de la House, venue directement de Detroit. Le divin Omar-S était en effet présent pour la première fois sur nos terres bordelaises, pour notre plus grand plaisir. Son closing a été à l’image du festival : magistrale, éclectique, pointu et filled with love. La ligne de basse de son fameux hit « The Shit Baby » résonne encore dans le quartier des Bassins à Flot.
À la fin du set d’Omar, nous entendions déjà les kicks résonner au fond de la cale de l’Iboat : l’Orangeade prenait possession des lieux. Beaucoup (beaucoup) trop de monde a l’Iboat ce soir-là, ce qui a un peu gâché l’expérience finale du festival. Mais cela n’a pas empêché l’Orangeade, Chaos In The CBD et la légende Boo Williams de faire danser toute la nuit les plus téméraires. Quant à nous, les jambes nous ont lâché vers 3h du matin après 3 jours et 3 nuits très intenses.
crédits photo : Nicolas Duffaure Photographies
C’est le corps rompu et des étoiles pleins les yeux que nous sommes rentrés dormir, et le sommeil nous a emporté avec le rêve d’une édition 2018 encore plus grande et plus belle. Qui sait de quoi sont capables ces joyeux lurons du Hors-Bord Festival ?