Ils font semblant de parler la langue de l’amour. Grincement
Des treize dents,
Sourire de mâchoires maigres. Fouette
Ta démangeaison et ta reculade, gloutonnerie nue de la chair.
Le souffle de l’amour en toi est éventé, parlé ou chanté,
Aussi aigre que l’haleine d’un chat,
Râpeux que sa langue.
Ce gris qui regarde
Ne ment pas, peau morne et os.
Laisse aux lèvres grasses leurs baisers. Personne
Ne la choisira pour poser la bouche sur ce que tu vois.
La faim extrême tient son heure.
Arrache ton cœur, sang salé, fruit de larmes.
Arrache et dévore !
*
A memory of the players in a mirror at midnight
They mouth love’s language. Gnash
The thirteen teeth
Your lean jaws grin with. Lash
Your itch and quailing, nude greed of the flesh.
Love’s breath in you is stale, worded or sung,
As sour as cat’s breath,
Harsh of tongue.
This grey that stares
Lies not, stark skin and bone.
Leave greasy lips their kissing. None
Will choose her what you see to mouth upon.
Dire hunger holds his hour.
Pluck forth your heart, saltblood, a fruit of tears:
Pluck and devour!
***
James Joyce (Dublin, Irlande 1882-1941) – Pomes Penyeach (Shakespeare and Company, 1927) – Traduit de l’anglais par Guy Laffaille
Enregistrer