Captain Fantatic est le style de film un peu ovni, à la faible distribution et dont la promotion est quasi-inexistante. Si vous ne suivez pas les informations cinéma et si vous ne vous tenez pas un peu au courant des sorties, il y a de fortes chances que vous passiez à côté de la sortie d'un film de ce genre.
Un peu de poésie en image 😉
Captain Fantastic nous raconte l'histoire de la famille Cash. Ben et Leslie vivent avec leurs six enfants dans la forêt au Nord-Ouest du Pacifique. Totalement isolés de la société, ils vivent quasiment à 100% de manière autonome, Ben et Leslie se chargeant de l'éducation de leurs enfants ; que ce soit au niveau physique et académique. Après la mort de Leslie, cette famille hors-norme est forcée de quitter leur forêt afin de retourner dans la société actuelle, un monde que les enfants de Ben ne connaissent pas.
Un film qui peut paraitre étrange aux premiers abords, mais ne vous inquiétez pas, vous ne vous ennuierait pas ! Les près de deux heures de films passent sans que l'on ne s'en rende compte.
Le réalisateur et scénariste Matt Rose nous offre un film dramatique magnifique, n'atteignant peut-être pas la qualité d'un Into The Wild mais qui peut être rangé dans la même catégorie.
J'avais entendu parler de ce film à l'époque où certains articles sur internet traitaient du festival du film de Sundance. J'avais été intrigué par ce film et notamment par le fait que Viggo Mortensen (vous savez Aragorn dans le Seigneur des Anneaux 😉 ) nous prennent encore à contrepied avec un rôle qui pouvait vraiment être passionnant.
Ce qui surprend déjà c'est l'histoire.
L'ensemble est vraiment bien mis en scène avec la famille Cash vivant dans la forêt, en partie revenu à l'état sauvage, chassant ensemble, faisant des entrainements dignes de soldats, étudiant à un jeune âge des principes philosophiques, littéraires et scientifique très poussé. Leur installation est un petit village de Robinson Crusoé. Les voir évoluer dans cet environnement, surtout les plus jeunes, est impressionnant. On a du mal à croire que l'on puisse vivre d'une telle manière, mais en les regardant, cela semble limite concevable. Il y a un réel effort réalisé pour rendre cette tribu plausible. Tout ceci concerne la première partie du film. Dans la seconde nous les voyons évoluer dans la société d'aujourd'hui comme s'ils étaient dans un environnement hostile. C'est à la fois amusant, tout en montrant les travers de la société de consommation. Il y a un choc des cultures tout aussi amusant que troublant, tout particulièrement lorsque Ben se rend avec ses enfants chez sa sœur.
Je trouve que Ross nous montre que la société d'aujourd'hui fait peur, mais que s'en couper n'est pas une solution. Qu'il vaut peut-être mieux essayer de la comprendre et d'en éviter les travers.
Les décors quant à eux ne sont finalement pas sur le devant de la scène comme j'avais pu espérer. Les personnages sont les plus importants. En voyant la bande annonce j'avoue que je m'étais imaginé qu'il y aurait un peu plus de magnifique décors comme dans Into The Wild mais ce n'est pas le cas, et ce n'est pas une critique, loin de là ;). Ce n'est pas grave. La qualité des personnages et des interprétations suffisent amplement 😉
Parlons peu, parlons bien, Viggo est bluffant.
Mais n'oublions tout de même pas tous ses enfants qui ont une grande part à jouer dans ce film, vu que c'est aussi leur voyage initiatique qui leur permet de découvrir ce monde qu'ils ne connaissaient pas. Bo ( George MacKay), Kielyr ( Samantha Isler), Vespyr ( Annalise Basso), Rellian ( Nicholas Hamilton), Zaja ( Shree Crooks) et Nai ( Charlie Shotwell), les six enfants de Ben Cash, sont tous très bons. Ils offrent des interprétations à la fois fortes, touchantes, poignantes et même de temps à autres marrantes. Ils sont une force pour ce film. Le fait de les voir découvrir le monde dans lequel nous vivons, avec un regard vierge, est vraiment troublant !
Captain Fantastic est un film qui parle de la famille, de la vie et de la société. En le prenant au pied de la lettre on peut peut-être le trouver balourd et maladroit. Mais je trouve que Captain Fantastic est à regarder comme une fable poétique. Le personnage de Viggo Mortensen - Ben Cash - avait des convictions, des principes qu'ils voulaient inculquer plus que tout à ses enfants. Il en vient même à faire peur à certains moments. Mais c'est aussi son voyage initiatique tout autant que celui de sa famille. Il va apprendre à remettre en question ses principes peut-être un peu trop arrêté afin de voir les choses d'un autre angle pour le bonheur des siens.
Le réalisateur et scénariste Matt Ross nous montre que la société a ses défauts, mais que vivre totalement en dehors de la société n'est peut-être pas non plus la solution idéale. Qu'au bout du compte, la meilleure chose à faire est de vivre un peu entre les deux. Ne pas se couper du monde, mais aussi créer son propre monde tout en gardant ses convictions.
Passionnant, poétique, ce n'est pas un film qui cherche à donner des leçons, mais il expose certaines choses de notre société qui amènent à réfléchir. Un beau 15/20 pour cette fable !
Enjoy !
A bientôt,
D.A. Green