il m’est arrivé plusieurs fois d’utiliser le smartphone pour écrire laborieusement, sur de petites touches, un long article. Je ne me suis rendu compte qu’après coup, que de l’article ne demeurait que le titre, et que le texte avait disparu. Nos textes sont précieux, une grande partie des contributions du net sont des reprises de sites façonnées pour cela, avec des articles racoleurs, de videos de chats. Il est peu de gens pour entreprendre de vrais articles, de vraies réflexions, même si elles trahissent la modestie de leurs moyens, et les diffuser sur le net. La plupart des textes sont issus de professionnels de l’écriture, l’amateur, le vrai, est rare. Il est donc d’autant plus rageant de constater cette perte, qu’un texte prend du temps, que c’est un travail d’accumulation lente, et que le goutte à goutte de la créativité accélère parfois son débit, nécessitant d’utiliser ce qui est à portée, pour ne pas le perdre.
La smartphone est donc un outil peu fiable, qui me fait penser que je devrais peut-être revenir au carnet, malgré son côté archaïque, et peu discret : autant on peut écrire sur smartphone sans que cela attire l’attention, autant voir quelqu’un prendre un crayon et écrire pousse à s’interroger sur ce qu’il écrit. L’écriture est présumée dangereuse.
Pourtant, autant l’écriture est rare, précieuse, pourtant, elle attire moins de lecteurs qu’une belle photo, un calembour banal, comme en distillent certains site préformatés pour remplir facebook, parfois en proposition spontanée. C’est donc un travail difficile et ingrat, de création, mais pour lequel le smartphone a bien peu de respect.