Rédacteurs et stagiaires: cliquez sur cette barre pour vous connecter en back-office de la rédaction!
Recherche par tags (mots-clés)
Recherche d'évènements (agenda)
Depuis 1791, notre pays a connu trois grandes périodes historiques mouvementées sur le plan constitutionnel. Les temps révolutionnaires (1791-1799), puis une période marquée par des tâtonnements institutionnels incessants (1799-1870), avant d’entrevoir enfin une forme de stabilité à partir de 1870. Mais est-il possible que l’évolution de l’ensemble de ces régimes politiques antérieurs puisse livrer quelques explications rationnelles sur la longévité institutionnelle de notre Ve République?
"Vite, la Sixième République!". Benoît Hamon (socialiste) et Jean-Luc Mélenchon (extrême-gauche) ont réclamé la révocation de la Ve République. Ce dernier en a même fait un argument électoral lors des campagnes présidentielles de 2012 et 2017. Mais peu nombreux sont ceux qui furent convaincus par ce désir de changement. Le système institutionnel de cette constitution, synthèse des erreurs du passé, semble pouvoir convenir à notre société.
La Ve République est issue de deux crises qui ont vu s’effondrer la IVe République. L’une est structurelle: le système politico-institutionnel, devenu impuissant, doit se réformer (instabilité ministérielle et faiblesses institutionnelles). L’autre est conjoncturelle, avec la guerre d’Algérie. La conjonction de ces deux crises, et le discrédit du régime dans l’opinion, provoquent le retour au pouvoir du général de Gaulle en mai 1958. Une nouvelle constitution écrite pendant l’été est votée par référendum en septembre à plus de 82%. Les constituants décident alors d’équilibrer les pouvoirs exécutif et législatif pour contrer un régime qualifié de "trop parlementaire" sous la IIIe et IVe République. Cette réforme, réel fruit de l’évolution des régimes politiques, donne lieu à une plus grande stabilité institutionnelle, afin de "conduire la France à une rénovation d’avenir, dont elle est maintenant capable" selon de Gaulle.
Cette nouvelle disposition des pouvoirs s’accompagne d’une volonté de moderniser nos institutions, afin de ne pas retomber dans les pièges des régimes politiques précédents. De nombreuses révisions ont alors lieu dès les premières années, et devinrent même plus fréquentes à partir de 1990. On compte aujourd’hui 24 révisions de notre Constitution.
Cette nouvelle organisation permet au pays de mieux affronter les différentes crises économiques ou sociales de la deuxième moitié du XXe siècle, ou même écologique (entrée d’une charte sur l’environnement en 2004). La Ve République parvient à surmonter les périodes troubles comme celles des mouvements étudiants de mai 68, la crise des subprimes en 2008, ou encore les contextes de guerres. L’évolution des régimes politiques antérieurs livre quelques explications quant à la longévité institutionnelle de la Ve République.
Produit d’une longue et récente histoire, elle a su apprendre des erreurs passées, et apporter des innovations institutionnelles au fil du temps, lui donnant alors plus de de souplesse. Mais à l’heure où le monde aborde un tournant à 360 degrés (révolution numérique, tensions géopolitiques inédites, système économique libéral vacillant, crise écologique), cette modernisation et cette synthèse des erreurs du passé sera-t-elle, à elle seule, faire perdurer la Ve République?