Demi-finale : Les Allemands à la sauce turque...

L'Allemagne s'est qualifiée pour sa première finale européenne depuis 1996 ce soir à Berne, en appliquant la stratégie qui avait été turque jusque là : abnégation et réalisme.

L'équipe turque s'est montrée séduisante tout au long de la partie, se procurant de belles occasions, et pratiquant un jeu léché. Malheureusement pour elle, la Mannschaft a été cruellement réaliste : 3 tirs cadrés , 3 buts. Contrairement à ce que l'on avait pu observer en poule ou face à la Croatie, les Turcs rentraient assez vite dans le match. Etonnant, d'une part par rapport à l'habitude, d'autre part en raison de la sélection " de fortune " mise sur pied par le " sorcier " Fatih Terim qui devait composer avec les blessés et les suspendus. A telle enseigne que Mehmet Topal, milieu de formation, jouait ce soir en défense centrale.

Kazim et Altintop plantaient les premières banderilles dans la défense allemande, en alertant Lehmann de loin. Les teutons se laissaient alors endormir par une équipe turque séduisante. A la 13ème minute, la reprise de Kazim au point de penalty sur un centre d'Altintop terminait sa course sur la barre transversale. Premier avertissement sans frais.

Les turcs cafouillaient encore deux corners, avant que les allemands ne réagissent vraiment, obligeant Rustu à sortir de ses cages ( le point faible du gardien turc ) , sur Coup Franc puis sur Corner.

Peine perdue, à la 19ème minute; Kazim, encore lui, tirait une nouvelle fois sur la barre. Boral, marqué des yeux par Friedrich, poussait la balle au fond, avec l'aide d'un Lehmann cafouillant. Coup de tonnerre sur Bâle, mais ouverture du score méritée pour les rouges et blancs.

Les Allemands réagissaient sur leur première occasion franche. Lancé sur la gauche du terrain, Podolski avançait jusqu'à la ligne de but, et servait Schweinsteiger qui marquait d'un extérieur du pied, pour une copie quasi-conforme du but face au Portugal. 1-1, tout à refaire pour les Turcs.

Les Turcs n'abdiquaient pas pour autant. Sur un Coup Franc excentré, à 40 mètres, Altintop tentait la frappe, et obligeait un Lehmann un peu trop avancé à un sauvetage express. Les allemands en étaient réduits à évoluer en contre, et Podolski ,à nouveau lancé dans la profondeur, voyait sa frappe passer au dessus de la transversale de Rustu.

Quelques minutes plus tard, Kazim alertait encore Lehmann, qui sauvait son équipe en boxant la balle. En fin de première période, Sentürk et Schweiny avait des occasions, mais ne cadraient pas.
Rofles, le milieu allemand, s'ouvrait l'arcade sur un choc et, un mal pour un bien, laissait sa place au milieu du Werder Torsten Frings.

Au retour des vestiaires, M. Bussaca rendait les Allemands furieux, en ne leur accordant pas un Coup Franc pour une faute évidente sur Lahm juste avant la surface. Son arbitrage allait en pâtir quelque peu pour les minutes qui suivirent, avertissant Sentürk pour un tacle sur Frings, avant d'accorder un Coup Franc peu évident, que Ballack tirait .... en plein dans le mur.

Ensuite, suite à un orage sur Vienne, les images n'arrivèrent plus jusqu'à TF1, qui nous diffusa le résumé des Quarts, et nous repassa le reportage Telefoot sur " Pourquoi les Bleus ont perdu ? ". Instructif, isn't it ?

Nous revînmes à 2-1 pour l'Allemagne, sans le savoir, sauf pour les plus perspicaces qui lurent l'incruste. Heureusement, Christian Jeanpierre eut la bonté de nous passer un ralenti. Lahm, à la peine défensivement face à Kazim, mais efficace offensivement, avait en effet débordé côté gauche, et centré pour Klose, qui n'avait qu'à cadrer sa tête, Rustu ayant magnifiquement loupé sa sortie : à la fois en retard et derrière le buteur d'origine polonaise. 2 Tirs Cadrés, 2 Buts côté allemand.

Terim procédait à quelques changements, et on s'attendait à voir la Turquie revenir. Ce fut en effet le cas, quand à la 84ème, Sentürk coupa au premier poteau la trajectoire d'un centre venu de Sabri, l'arrière droit turc. Lehmann était passif sur cette action, attendant que la balle vienne dans la niche, et ne couvrant pas l'angle. Les turcs nous faisaient un finish dont ils ont le secret. Après un léger intermède dû à l'apparition d'un supporter turc sur la pelouse, le jeu reprit, et Sentürk tenta la frappe, hors du cadre. On se dirigeait vers le temps additionnel quand Lahm déborda, s'appuya sur Ballack via un une-deux, et trompa le gardien turc d'une jolie frappe du droit en pleine lucarne. 3-2 pour les Allemands.

Ensuite, re re coupure, Denis Brogniart nous répéta qu'il était sincèrement désolé, que les incidents étaient indépendants de la volonté de TF1, et que les Allemands avaient fini par gagner.

L'Allemagne passe donc en finale de l'Euro, et connaîtra demain son adversaire : l'Espagne ou la Russie.

Je pense, sans vouloir trop m'aventurer, que le futur vainqueur de l'Euro est parmi ces deux pays, au vu de la pâle prestation allemande ce soir, la Mannschaft ayant été dominée, est passée grâce à un réalisme qui laisse rêveur.