Le « bien parler » rend-il con ? C’est en tout cas l’impression que donnent certains interlocuteurs qui se sentent toujours obligés de vous reprendre à la moindre coquille. Par amour de la langue de Molière, parait-il. Ou plutôt par snobisme : car il en va du langage comme de la grande cuisine. Dans l’un comme dans l’autre, transgresser les règles peut très vite s’avérer acrobatique, surtout si l’on déroge à la recette d’origine. Entre puristes, élitistes et téméraires, chacun y va de sa petite cuillère quitte à faire passer pour un idiot celui qui ne maîtrise pas toutes les subtilités du français. Certains en tirent même un certain plaisir. Culture et confiture…
On ne parle pas de la grammaire, de l’orthographe, ou des indispensables fondamentaux qui font que tout le monde – ou presque – arrive à se comprendre. Encore heureux, sinon ce serait la bouillabaisse linguistique assurée. Mais pourquoi s’accrocher coûte que coûte à la forme pour négliger ce qu’il y a finalement de plus important dans un dialogue ? Le fond. Et rater l’occasion d’un bel échange.
Car on aura beau s’auto-proclamer chevalier des belles lettres, rabaisser systématiquement ceux qui n’en connaissent pas les finesses ne leur donnera pas plus envie de les découvrir. Bien au contraire. N’est pas Molière qui veut : lui au moins savait jouer avec les mots ! Autant s’en inspirer pour épicer son propos.
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