Antonio Manzini : Maudit printemps

Par Stephanie Tranchant @plaisir_de_lire

Maudit printemps d'Antonio Manzini   4/5 (20-05-2017)

 Maudit printemps (292 pages) est paru le 4 mai 2017 dans la collection Sueurs Froides des Editions Denoël (traduction : Samuel Sfez).

L'histoire (éditeur) :

Chiara Breguet, héritière d’une riche famille d’industriels du Val d’Aoste, étudiante brillante admirée de ses pairs, n’a plus donné de ses nouvelles depuis plusieurs jours. Persuadé que cette disparition est inquiétante, Rocco Schiavone se lance dans une course contre la montre pour sauver la jeune femme et découvrir ce que dissimule la façade impeccable de ce milieu nanti. Pendant ce temps, la neige tombe sur Aoste en plein mois de mai, et cette météo détraquée ne fait qu’exacerber la mauvaise humeur légendaire de Rocco. Une nouvelle enquête de Rocco Schiavone, le flic râleur et macho qu’on adore détester !

Mon avis :

Après un petit tour en Islande avec  Mörk, je continue mon voyage livresque à bord de mon train « polar », direction l’Italie avec Maudit Printemps pour la rencontre avec Rocco Schiavone, sous-préfet de la petite ville d’Aoste (où les nouvelles vont très vite !) qui se voit confier une enquête aux airs d’emmerdes bureaucratiques : la mort de deux homme dans un accident de la route à bord d’une camionnette aux plaques volées… cette histoire, presque ordinaire, ne lui fait clairement pas envie et heureusement,  la disparition de Chiara Breguet, jeune fille de 19 ans issue d’une famille importante de la ville, sonne comme une libération. Il faut dire que cette disparition l’intrigue particulièrement et il prend très à cœur de remettre la main sur cette enfant, quitte à choisir d’enquêter sans en avertir le parquet (au risque d’un dérapage et d’une fuite dans la presse).


Encore une intrigue finalement assez classique mais qui passe toute seule. 
Antonio Manzini, qui signe avec Maudit Printemps le 3ème volet des aventures de Schiavone et de son équipe haute en couleurs, arrive à mélanger les genres sans tomber dans le burlesque et, avec ce qu’il faut de clichés et de caricatures, nous entraîne dans une enquête tendue menée efficacement et pleine d’humour. Sarcasmes, piques bien senties et situations parfois grotesques apportent une touche de comédie à ce polar dont la lecture en devient encore plus sympathique.

L’intrigue, qui jusqu’au bout dose justement la tension (notamment avec les scènes vécues par Chiara) et développement « policier » classique au fur et à mesure des avancées de Schiavone, se lit très agréablement. J’ai passé un très bon moment dans cette histoire complexe mais bien articulée, et j’ai pris un grand plaisir à découvrir toute cette équipe qui ne manque vraiment pas de panache (autant que la narration dynamique et relevée).

Manzini esquisse ici des caractères complexes et fantaisistes. Entre le duo D’Intini et Dureta (deux agents simplets à la Laurel et Hardy) et ce Rocco, Clarks aux pieds (même quand il neige !) sous-préfet bourru aux méthodes un peu limites, malmené et malmenant les femmes, qui dans l’intimité continue d’entretenir une relation avec une disparue, c’est un festival. Ce presque-sale type m’a touchée, révélant des facettes inattendues, et m’a surtout bien fait rire parfois. Encore un qui n’a pas sa langue dans sa poche et qui ne manque pas de détermination !

Comme pour Ragnar Jonasson, il s’agit là encore pour moi d’un nouvel auteur que je découvre (dont j’ai ainsi noté les deux premiers romans pour une prochaine lecture) et même s’il m’a manqué quelques petits éléments pour parfaitement apprécier certaines répliques ou pour saisir au mieux la personnalité du protagoniste, je n’ai pas été dérangée plus que ça, l’intrigue est parfaitement indépendante.

En bref : Maudit printemps est une bonne surprise, un bon petit polar italien, pas forcément original mais qui surprend par le style.