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[Critique] PSICONAUTAS

Par Onrembobine @OnRembobinefr
[Critique] PSICONAUTAS

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Titre original : Psiconautas, los ninos olvidados

Note:

★
★
½
☆
☆

Origine : Espagne
Réalisateurs : Pedro Rivero, Alberto Vázquez
Distribution voix en V.O. : Andrea Alzuri, Eva Ojanguren, Josu Cubero…
Genre : Animation/Drame/Fantastique/Adaptation
Date de sortie : 24 mai 2017

Le Pitch :
Sur une île mystérieuse, victime d’un désastre écologique, trois amis veulent prendre le large et trouver une vie meilleure dans la grande ville.C’était sans compter sur l’absurdité hostile de leur environnement…

La Critique de Psiconautas :

L’animation est un domaine fascinant. En donnant vie à l’inanimé, on touche presque à la magie, on se fait le Prométhée ou le Dr Frankenstein des temps modernes. Elle permet de toucher le public en usant de moyens détournés, d’habiller la noirceur de riches soieries. On aurait tendance à rattacher ce type de production à un public juvénile, ce qui serait une erreur, car viser une niche et bâtir son film là-dessus s’avère souvent contre-productif, et puis car il y a toujours des contre-exemples assez parlants. Ça tombe bien, c’est le cas de la perle noire ibérique, Psiconautas.

[Critique] PSICONAUTAS

Martyr

Adaptation de la bande-dessinée éponyme d’Alberto Vazquez (qui co-réalise le métrage) qui suivit un premier essai au format court intitulé Birdboy en 2011, Psiconautas a beaucoup fait parler de lui. Diffusé initialement au festival du film d’animation d’Annecy à l’été 2016, sa sortie en salles fut précédée d’une réputation flatteuse. Il faut dire que l’esthétique très travaillée impressionne. On a l’impression de visiter les pages de l’ouvrage de Vazquez au cours d’un voyage, certes magnifique, mais aussi très éprouvant durant lequel nous sont contées les aventures de nombre d’animaux anthropomorphes, qui constituent la faune d’une île étrange, où l’absurdité règne. Trois d’entre eux, Dinki la souris, Zorrito le renard et Sandra la lapine veulent s’en extraire. Ils vont croiser sur leur route nombre d’alliés et d’ennemis, et d’autres qui seront un peu des deux. Un véritable chemin de croix va les attendre.

Beauté infernale

Car si la beauté visuelle du film ne fait aucun doute, la fluidité de l’animation, le choix des couleurs et le design général parlent d’eux-mêmes, elle est au service d’une intrigue particulièrement sombre. L’univers de Psiconautas se veut être une métaphore de l’adolescence, avec ses crises, sa rage et son incompréhension du monde adulte qui peut pousser aux pires extrémités. Si quelques notes d’espoir émergent parfois de cette litanie de malheurs et d’atrocités, elles sont bien maigres. Chaque personnage doit littéralement affronter ses démons, vaincre sa nostalgie et surpasser l’adversité des adultes, qui sont quasi-universellement mauvais (à des degrés divers). Le seul réconfort semble être celui de la mort sur cette terre maudite par ceux qui l’habitent Et c’est là que le bas blesse. Car à force de noirceur (peut-être une tentative de rendre le propos plus « mature ») Rivero et Vazquez pêchent par excès en nous jouant une vraie symphonie morbide. Drogues, maltraitance, maladie, sans abris, problèmes écologiques, religion oppressante, étrange secte « d’enfants perdus » qui hantent la vaste décharge (qui donnent leur nom au film en version originale). Les couleurs magnifiques deviennent alors une sorte de garde-fou émotionnel, et on se dit qu’on l’a échappé belle, la BD étant en noir et blanc.

En Bref…
Psiconautas mérite d’être vu pour son esthétique et certains aspects du scénario mais il convient d’être au fait de sa profonde noirceur et du manque regrettable de nuances de son discours sur l’absurdité du monde. Une épopée éprouvante et superbement sinistre.

@ Sacha Lopez

[Critique] PSICONAUTAS
  Crédits photos : Eurozoom


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