Proudhon et Marx ne se sont pas compris. Ils ne parlaient pas du même changement. Proudhon aimait la société de son temps. Il déplorait que tout le monde n'y ait pas une place, ou n'y soit pas heureux. Alors, en jouant sur les mécanismes sociaux, il a voulu la changer. C'est ce que j'appelle le "changement social". Marx, quant à lui, n'était pas content de la structure de la société, elle-même. Changer la structure d'une société est un "changement politique", selon une définition qui m'est propre. C'est un acte de foi.
Pour moi l'as, involontaire ?, du changement politique a été le président Giscard d'Estaing. La massification de l'enseignement supérieur pourrait bien avoir fait disparaître le dernier des privilèges, celui de l'éducation. Avant, l'inégalité était structurelle, maintenant, elle est artificielle.
Cependant, ce changement a eu des conséquences imprévues. En particulier, l'effondrement du niveau de l'enseignement, à l'envers des espérances de notre président. Mais aussi un afflux de pseudo intellos, et un déficit de personnes pratiques, bref une société dysfonctionnelle. Quant à Marx, on lui doit de multiples révolutions et quelques régimes totalitaires. Bref un bain de sang et la souffrance des masses. En fait, les deux changements sont complémentaires. L'un correspond à une aspiration collective, l'autre permet sa réalisation, dans l'intérêt de l'individu.