Eva Nielsen examine les fonds de l’œil

Publié le 01 juin 2017 par Thierry Grizard @Artefields

Eva Nielsen ou la surface du réel

Art contemporain, artiste peintre, exposition | Publié par Thierry Grizard le 1 juin 2017

Nouvelle exposition d'Eva Nielsen à la galerie Jousse Entreprise: " Les fonds de l'œil "

Eva Nielsen est une artiste peintre qui travaille à partir de sérigraphies qui lui permettent d'interroger une image " photographique " du monde. L'artiste travaille donc essentiellement par collages, montages numériques et superpositions. Elle ajoute à un lieu, en général suburbain, désolé, dans tous les cas inhabité, des éléments architecturaux et des environnements relativement indéfinissables.

Eva Nielsen créer par ces compositions aux perspectives multiples et par conséquent aux plans de réalité disjoints un effet de dé-térritorialisation. On en sait plus où on est ! Parfois il s'agit de lieux banals, d'autre fois d'espaces à connotation lunaire, étrangers à notre monde. Il y a donc, sinon un effet surréaliste, tout du moins une rupture qui permet l'intrusion d'éléments imaginaires bien que prélevés du réel. Ces collisions picturales annulent toute finalité illusionniste. On comprends alors que ce qui intéresse l'artiste n'est rien d'autre que cette mince surface de representation, de projection que constitue la fenêtre d'un tableau.

Mais en héritière des avant-gardes de l'art moderne il s'agit aussi d'interroger la volonté même de continuer à vouloir representer le réel, l'imiter ou pour emprunter un terme propre au medium, à figurer. Il s'agit évidement de la question constamment rebattue de l'art moderne pourquoi continuer à figurer ? Pourquoi ne pas prendre le tableau pour ce qu'il est à savoir une surface où tout peut-être possible sans se soumettre au joug de la représentation.

Toutefois ce qui intéresse profondément Eva Nielsen ce n'est probablement pas cette problématique rebattue. De toute évidence elle tient à ce lien avec le réel, elle veut continuer à le questionner au point d'y insérer des éléments plus ou moins symboliques. En effet certaines des pièces évoquent _les titres le confirment_ des éléments empruntés à l'histoire de l'art, ces références ont souvent une connotation étrangement symbolique. On peut y voir des rappels à Stonehenge, les viaducs romantiques, les rotondes bucoliques, ou encore les domes à la Étienne-Louis Boullée. Cette dimension du travail de Nielsen est assez surprenant et procurent à son œuvre un aspect " disruptif " supplémentaire.

Voir notre article précédent sur Eva Nielsen et aussi notre article sur Philippe cognée un peintre aux questionnements assez similaires

L'œuvre d'Eva Nielsen comme on peut le constater est traversée de nombreux mouvements contradictoires entre le réel, l'imaginaire, l'idée même de representation, etc. Or ce qui provoque la tension picturale et intellectuelle c'est bien, au final, la toile dans la mesure où elle matérialise l'interface avec le réel. L'artiste ne se prive pas de le signifier en froissant le support ensuite sérigraphié ou en retravaillant la surface à coups de lacérations et altérations à l'encre de Chine ou à l'acrylique.

Eva Nielsen nous livre donc des representations qui ne cessent d'entrer en conflit avec leur principe même, notre regard s'en trouve troublé, ce qui explique probablement le titre de l'exposition, " Les fonds de l'œil ".

C'est à voir jusqu'au 22 juillet.

Communiqué de presse:

" Dans cet ensemble de peintures récentes (toutes de 2016-2017), qui appartiennent à des registres techniques et iconographiques différents - registres que l'artiste étend méthodiquement - Eva Nielsen poursuit cette recherche : donner corps à l'illusion, à des mirages visuels agissant autant sur la rétine que sur l'intellect, à la surface de nos orbites comme aux fonds de nos yeux. Ces mirages prennent des apparences changeantes : parfois, architectures de béton, fières de leurs formes monolithiques, qui emplissent l'espace, l'envahissent presque, et dont la certitude immanente construit les paysages alentours ; ailleurs, scènes de genre kaléidoscopiques, feuilletées de plis infinis, brisant la linéarité du réel. Ces dernières, peut-être marquées par les aventures humaines qui s'y déroulent, dévoilent leur potentiel narratif, cinématographique. "[ ...]

A voir aussi:

Repaires chronologiques:

Quelques expositions personnelles:
  • 2016 New paintings, The Pill, Istanbul.
  • 2014 Art Collector award, Paris, France, " curation " par Léa Bismuth.
  • 2014 The Road, Selma Feriani, London, England, " curation " par Barbara Sirieix.
  • 2011 Walden, Galerie Dominique Fiat, Paris.
Récompenses:
  • 2016 Prize winner of Grand Prix Aubusson.
  • 2013/2014 Prize-winner of Art Collector.
  • 2010 Nominated Prix Sciences Po pour l'Art Contemporain, Paris.
Formation:
  • 2009 DNSAP, École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris.
  • 2005 Maîtrise d'Études Européenne, Sorbonne Nouvelle, Paris.
  • 2003 Deug de Lettres Modernes, Sorbonne Nouvelle, Paris.
Naissance: