Briser le silence pour commencer la réparation
A travers l’Unité des victimes (Unidad de las víctimas), l’État colombien a recensé quelque 19 000 victimes ayant subi depuis les années 80 des atteintes à leur liberté et à leur intégrité sexuelle. Malgré ce chiffre effrayant, cette violence demeure fortement sous-estimée notamment en raison du faible nombre de dépôts de plaintes (dû à l’absence de cadre protecteur et confidentiel).
La réponse humanitaire de l’État présente encore souvent des lacunes ; les victimes se retrouvent isolées, sans soutien de leur entourage immédiat – à qui elles ne se confient que rarement – ou des pouvoirs publics. Elles sont habitées par la peur, la culpabilité et la honte. Les blessures affectives sont parfois plus longues à se refermer que les blessures physiques. Le tabou qui entoure les agressions rend celles-ci « invisibles ».
Un échantillon d’une centaine de cas rassemblés par le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) en Colombie entre 2014 et 2016 indique que plusieurs personnes ont été victimes de la violence sexuelle à plus d’une reprise dans leur vie. Dans 41 % des cas, l’agression a été commise par plus d’une personne, et les viols collectifs commis par trois à huit personnes sont fréquents.
Il n’est pas rare de rencontrer des victimes qui expliquent que leurs mères, leurs sœurs, leurs filles ou leurs grands-mères ont-elles-mêmes déjà été abusées. Il s’agit donc en quelque sorte d’un phénomène récurrent, qui peut toucher plusieurs générations au sein d’une même famille en raison du caractère prolongé du conflit et de la situation de violence.
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