Jozef Pankiewicz
Le colorisme en Pologne doit beaucoup à l’art de Jozef Pankiewicz, fasciné par la peinture française – Monet, Bonnard, Cézanne -, mais aussi par l’art de Whistler, et qui a développé, chez ses disciples, un culte de la peinture basée sur un « jeu de couleurs ». Pankiewicz a exposé ses peintures et ses dessins dans plusieurs salons parisiens, dont le Salon d’automne (1904, 1907, 1909, 1919) et les Salons des indépendants (1911, 1912). En 1906, il est nommé professeur de l’Académie des Beaux-Arts de Cracovie. À partir de 1908, il passe ses vacances en France, à Concarneaux, Saint Valery en Caux, Collioure, Saint-Tropez, Vernon ou Giverny. Pendant les vacances d’été en 1909-1910, il partagé un studio à Saint-Tropez Vac Pierre Bonnard. C’est l’influence de ce dernier qui pousse Pankiewicz à étendre sa palette et à introduire un système de couleurs fauvistes fort, saturé et juxtaposé de manière contrastée – a accorder une importance primordiale à la composition des couleurs de ses toiles. Pendant la Première Guerre mondiale, il reste en Espagne. En 1922, il a sa première exposition personnelle, à la Galerie Bernheim-Jeune à Paris. En 1923, l’artiste reprend ses cours à l’Académie de Cracovie et continue à diriger la branche de Paris de l’école entre 1925 et 1937.
Wladyslaw Strzeminski et Katarzyna Kobro
Władysław Strzemiński, né en 1893 à Minsk (alors dans l’Empire russe, actuellement en Biélorussie) et mort fin 1952 à Łódź, est un peintre et théoricien de l’art polonais, pionnier de l’avant-garde constructiviste des années 1920-1930 et qui théorisa l’unisme : il veut éliminer toute valeur non plastique de l’œuvre ; celle-ci ne doit être ni évocative, ni émotive, ni symbolique mais doit atteindre une certaine « pureté » ; les couleurs et les lignes doivent créer une unité organique ; la peinture, œuvre plane doit être autonome, c’est un objet refermé sur lui-même ; l’œuvre d’art possède une auto-suffisance plastique, elle n’a pas besoin d’une justification pour être efficace et fonctionner.
Au cours de la Première Guerre mondiale, en 1916, alors qu’il sert comme officier du corps d’ingénieurs, il est très grièvement blessé et amputé d’un bras et d’une jambe. En 1917, il achève ses études à l’École d’ingénieurs du génie militaire. Pendant la révolution d’Octobre, en 1918, il assiste aux cours des premiers Ateliers Libres d’Art d’État (SVOMAS) à Moscou, et prend contact avec Kasimir Malevitch et Vladimir Tatline. Il fait la connaissance de Katarzyna Kobro, une des rares sculptrices de l’entre deux-guerres et l’une des plus importante. En 1919, il commence à travailler au Département des Beaux-Arts (IZO) du Commissariat de l’Éducation Populaire à Minsk. Il devient membre du Conseil d’administration de Moscou pour l’art et l’industrie artistique. Il collabore avec Malevitch et le groupe UNOVIS (« L’affirmation du nouveau en art ») de Vitebsk. Strzemiński présente ses travaux constructivistes dans des expositions à Moscou, Riazan et Vitebsk.
Dans le contexte de la guerre soviéto-polonaise (février 1919 – mars 1921), Strzemiński s’installe à Vilnius, alors en Pologne. Il épouse Katarzyna Kobro en 1922. En 1923, il travaille avec Vytautas Kairiūkštis dans l’organisation de l’exposition de l’art nouveau à Vilnius, qui est en fait le point de départ pour le constructivisme polonais. En 1924 il est le co-organisateur du groupe Blok, qui réunit l’avant-garde constructiviste polonaise. En 1926 il collabore avec le groupe d’architectes et de peintres Praesens (1926-1930). C’est en 1928 qu’il publie « Unizm w malarstwie » (L’unisme en peinture). En 1929, avec Katarzyna Kobro, Henryk Stazewski et les poètes Jan Brzękowski et Julian Przyboś ils créent le groupe « a.r. » (en polonais : artyści rewolucyjni, awangarda rzeczywista ; l’avant-garde réelle – les artistes révolutionnaires) qui est à l’origine de l’exceptionnelle collection d’art abstrait contemporain du Muzeum Sztuki de Łódź, une des plus importante en Europe.
En novembre 1936 c’est la naissance de leur fille Nika. Elle est prématurée et nécessite continuellement des soins attentifs.
Strzemiński et sa femme vivent à Łódź pendant toute l’Occupation allemande dans des conditions très difficiles : leur maison étant occupée, ils déménagent d’un lieu à l’autre, d’abord chez un peintre, puis dans une petite maison, disposant d’une seule pièce et d’une cuisine. Ils y restent jusqu’à la fin de la guerre. En mars 41, un article publié dans un journal d’occupation décrète que leurs œuvres et celles de la Collection relèvent de « l’art dégénéré et juif » (entartete und Judische Kunst) — tous les travaux artistiques restés dans leur maison sont jetés par les occupants. Ils arrivent à en récupérer une partie, souvent très dégradée. Peintures et sculptures sont ensuite entreposées dans une petite cave. Le couple survit par la vente de petits objets qu’ils fabriquent (des sacs, des jouets), des cartes de vœux, des portraits d’après photo, des copies de peintures anciennes à la commande. Quelques jours avant la Libération, Katarzyna brûle ses sculptures en bois pour se chauffer et pour nourrir sa fille.
En 1945, Strzemiński devient maître de conférences à l’École nationale supérieure des arts plastiques de Łódź dont il est l’un des fondateurs. Mais la situation se retourne très vite ensuite avec l’établissement de la République populaire en Pologne en 1946, et la brutale répression qui se déroule sur ordre de Staline, surtout après 1947, qui touche des Polonais de tous ordres. Le couple se sépare en 1947. Katarzyna Kobro vit alors principalement de jouets cousus. Elle supervise encore la restauration de ses sculptures du Musée Sztuki et, en 1948, réalise quatre Nus en modelant l’argile.
En 1950, Strzemiński est licencié sur l’ordre du ministère de la Culture. On lui reproche de ne pas respecter la doctrine du réalisme socialiste. Katarzyna tombe malade à l’été 1950 et meurt le 21 février 1951. Quand à Strzemiński, il meurt dans la misère fin décembre 1952. Staline meurt l’année suivante, tandis qu’à Katovice est créé le groupe « St-53 », basé sur ses théories.
Quelques œuvres de Wladyslaw Strzeminski
Quelques œuvres de Katarzyna Kobro
Andrzej Wróblewski
Né à Vilnius en 1927, installé à Cracovie en 1945, Andrzej Wróblewski est sans doute l’artiste le plus doué et prometteur de sa génération. Malheureusement, il meurt à 30 ans, en 1957, lors d’une excursion dans les monts Tatras. Inspirateur de la Nouvelle figuration et notamment du groupe « Wprost » à la fin des années 1960, il est quelque peu oublié avant d’être re-découvert en 1993 à l’occasion de la sortie d’un livre qui lui est consacré. Depuis, de grandes expositions de ses œuvres ont eu lieu en 1997, 2002 ou 2010. Luc Tuymans possède plusieurs de ses tableaux..