Connaissez-vous Arvo Pärt ? Il est Estonien. C’est un compositeur né en 1935. L’un des plus grands toujours vivants. Ces pièces musicales sont belles. Voilà.
Ceux qui ont le courage d’aller plus loin peuvent donc lire cet abécédaire, pour avoir une connaissance « impressionniste » du compositeur. Comme il manque quelques lettres, je compte sur les lecteurs pour compléter.
A comme Alina : Für Alina marque un tournant dans la carrière d’Arvo Pärt ; c’est une pièce de transition entre la première partie de sa vie de compositeur durant laquelle Pärt suit la mode occidentale de son temps : le dodécaphonisme et le sérialisme, et la deuxième partie où la recherche du pur son le rapproche de la musique ancienne et notamment du plain-chant.
B comme Berlin : la ville qui l’accueillit, après un court passage à Vienne, suite à son exil forcé d’Estonie en 1980. Il y vécut près de vingt ans et c’est là qu’il composa ses plus beaux morceaux. Depuis, il est revenu dans son pays natal, même s’il a acquis la nationalité allemande et qu’il revient à Berlin régulièrement.
C comme collage sur B-A-C-H : une œuvre de jeunesse (1964), « amusante » dans sa structure, avec un thème Si-La-Do-Sib (comme les lettres composant le mot Bach), mêlant des passages qu’auraient pu écrire le cantor de Leipzig et des passages beaucoup plus contemporains.
D comme dodécaphonisme : le grand modèle de la jeunesse de Pärt – Avec le dodécaphonisme, la musique devient atonale et chacune des douze notes de la gamme ont une égale importance. Ecoutez du Schönberg, du Webern ou du Berg et vous verrez. C’est spécial quand même.
E comme écriture : l’écriture de Pärt est un long travail. Si certains compositeurs trouvent leur style très jeune, pour Pärt, ce fut un long et tortueux chemin. Passée la fougue de la jeunesse, il s’arrêta presque de composer pendant dix ans (1968-1976), le temps de mûrir sa propre esthétique. Bien lui en a pris car le résultat est somptueux.
F comme Fratres (1977) : la pièce que je préfère (et je ne suis pas le seul), surtout dans sa version pour violon et piano (moins dans sa version orchestrale). Les deux instruments dialoguent et se fondent. Le thème récurrent des accords frottés puis en pizzicato rythme la pièce. C’est magnifique.
G comme chant grégorien ou plutôt plain-chant : Arvo Pärt puise son inspiration dans le plain-chant et son économie – des longues et des brèves, pas de rythme au sens contemporain du terme mais des phrases entières comme de longues respirations. Pas de tonalité mais une musique modale.
I comme ingénieur du son : c’est le premier métier d’Arvo Pärt, ce qui lui donnera une certaine acuité sonore. Son son est précis et juste. Point trop n’en faut, juste le nécessaire pour exprimer l’essentiel.
J comme Josquin des Prés : le grand compositeur de la Renaissance (1450-1521), sur lequel Pärt travaillera, à une époque où ce répertoire était passablement oublié, comme source d’inspiration pour son écriture propre et non comme pastiche.
K comme Kanon Pokajanen (1997) : une œuvre majeure, commandée par la cathédrale de Cologne pour ses 750 ans. Le retour à la foi et à la musique sacrée de son enfance est ici patent.
L comme liturgie : Pärt n’est pas un liturgiste au sens propre du terme, mais l’influence de la liturgie orthodoxe est visible dans son œuvre chorale – cf. musique sacrée.
Arvo Pärt
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P comme patrie : sa patrie c’est l’Estonie, en particulier Talinn ou Pärt fut formé et où il habite désormais. Au bord de la Baltique, c’est une ville mystérieuse et envoûtante qui a façonné le compositeur. C’est là qu’il a appris à jouer de la musique (piano, hautbois) et à écrire.
R comme Rakvere : petit village d’Estonie où Arvo Pärt apprit à jouer du piano. La légende dit qu’il était particulièrement faux, sauf les registres extrêmes et que cela a permis au compositeur de se diriger vers une autre musique et d’explorer d’autres possibilités.
– Passez les deux premières minutes de bla-bla…
S comme musique sacrée : s’il y a un compositeur actuel qui écrit de la musique sacrée, c’est bien lui. Et l’on sent que ce n’est pas un placage d’un texte anodin sur des notes, mais qu’il y a vraiment une méditation sur les paroles du texte. Ecoutez le Requiem ou le Magnificat, vous serez convaincus.
T comme tintinnabuli : le noyau fondateur de la musique de Pärt, à mi-chemin entre la simplicité du son des cloches, le mélange « fusionnel » des notes et des voix et les accents du chant orthodoxe.
U comme Union soviétique : Pärt eut à souffrir de la censure soviétique. D’abord parce qu’il adoptait les formes occidentales de musique contemporaine, donc forcément dégénérées, et surtout parce qu’il écrivait des pièces de musique sacrée. A l’époque où Dieu était mort, c’était un sacrilège !
V comme musique vocale : Pärt écrit aussi bien de la musique instrumentale que la musique vocale. Les enregistrements avec le Hilliard ensemble ont fait date !
C’est grand, c’est beau, n’est-ce pas ?
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