Il y a parfois des expériences plus marquantes que d'autres, participer à la Sénégazelle, c'est plus que ça encore !
La semaine du 8 Avril 2017, j'ai eu la chance de me rendre à Foundiougne avec les 64 autres Gazelles, pour une semaine d'aventure humaine et sportive au cœur du Delta du Saloum. Je suis contente de mettre sur papier mon expérience, car depuis que je suis rentrée je n'ai qu'une seule envie : raconter encore encore et encore ce que j'ai vécu là bas !
Avant le départ, je me suis tout de même posé la question : est-ce que l'action que nous menons auprès des populations locales peut avoir l'effet contraire de ce que nous souhaitons ? Est-ce que cela peut nuire à l'épanouissement des enfants ? Au bon déroulement de leur scolarité ? Je ne voulais pas me résoudre à participer à un voyage type " volontourisme ", sans nommer d'organisation, qui amène des touristes volontaires pour aider la population, mais qui en fait pousse à un engrenage commercial qui déstabilise encore plus la région qu'ils sont soi-disant allés " sauver ". En somme, je ne veux pas faire de l'humanitaire pour me faire plaisir à moi, mais je veux le faire pour aider les populations locales.
Me voilà rassurée lorsque j'apprends que la Sénégazelle travaille avec les acteurs locaux et développe ses projets pédagogiques main dans la main avec les autorités et les ministères Sénégalais, pour que les dotations apportées aux élèves leurs soient vraiment utiles. En effet, nous remettons à l'enfant directement le matériel nécessaire pour qu'il puisse effectuer la rentrée scolaire au mois d'octobre prochain et continuer sa scolarité plus facilement.
En bonus, le côté plaisir est bien présent, lorsque tous les matins vous prenez le départ du trail sur le chemin de l'école, pour un run inoubliable. Ce défi sportif sera vraiment le moment de cohésion entre les participantes ; il y a bien un classement, un chrono, une première et une dernière... mais clairement durant la semaine c'est l'énergie de groupe qui sera le leitmotiv !
Samedi 8 Avril 16h, nous décollons de Toulouse, nous ferons escale à Casablanca, où nous retrouverons les autres Sénégazelles et le staff technique français.
Dimanche 9 Avril 00h50, nous arrivons à Dakar, bien chargées avec nos 46kg de bagages, des bus nous attendent. À ce moment précis, nous apprenons que nous avons encore 3h de route/chemin pour arriver au port où nous traversons le Saloum en Pirogues... oui en pirogues, première surprise de l'organisation ! (Qui n'en est plus une pour vous, mais vous ne vous en souviendrez plus, hein ?!).
6h du matin, nous embarquons en pirogues, dans la nuit noire, il fait bon, l'eau du fleuve me semble tellement chaude. Nous verrons le lever de soleil en direct de nos embarcations, au loin le ponton de l'hôtel Foundiougne se rapproche, Je suis épuisée mais je vis un rêve, j'adore ce début d'aventure !
8h du matin après avoir fini de décharger nos valises des pirogues, impossible d'aller dormir, il y a trop de choses à voir !
Première journée de rangement et préparatifs des fournitures pour la semaine, on prend la température, elle est ultra chaude, vivement la première étape.
UNE JOURNÉE TYPE pour les Sénégazelles.... Prenons par exemple la journée du Lundi 10 Avril, la première étape vers le village de M'Bam.- Point de vue sportif : Départ 8h pour les coureuses - les marcheuses sont parties à 7h30. Au petit déjeuner tout le monde remplit son Camelbak ou sa gourde, accessoire obligatoire pour la course : 7,8 km annoncés, je pensais franchement que ce n'était pas si nécessaire d'avoir de l'eau avec moi, mais je vais vite changer d'avis ! Je suis partie clairement trop vite, au bout de 2 km, je pensais me liquéfier sur place, je n'ai cessé de ralentir, je ne m'attendais pas du tout à trouver ça aussi difficile ! Moi qui râlais lorsque j'avais eu le nombre de kilomètres (je trouvais ça trop peu) ! En réalité le parcours faisait 8,4km, c'est ma montre qui le dit. J'ai trouvé la blague de mauvais goût, mais ce n'en était pas une, juste les aléas d'un tracé en pleine pampa.
À l'arrivée, je constate que toutes les filles pensent la même chose, " dites donc, c'est pas si simple de courir ici !! " Ouf je ne suis pas la seule, demain on change de tactique !
- Point de vue action solidaire : c'est pas compliqué, j'aurai les larmes aux yeux du moment de mon passage sur la ligne d'arrivée encadré par une horde d'enfants souriants, qui chantent et qui dansent au rythme des tamtams (que j'entendais depuis 1 km à travers le village), jusqu'à la sortie de la salle de classe.
Avant d'entrer avec eux dans leurs classes, nous dansons avec les enfants et les maîtres ou maîtresses, une ambiance de feu sous le soleil déjà ardent !
Nous passerons ensuite une petite heure dans la classe avec les élèves, pour leur distribuer à chacun les stylos, crayons, cahiers, nécessaires au bon déroulement de leur année scolaire selon leur niveau et selon leur classe. Les gazelles institutrices avaient préparé des projets pédagogiques avec leurs élèves (jeux, chansons, questions/réponses, etc.) nous avons donc participé à ces échanges entre enfants Sénégalais et élèves français, c'était passionnant.
Après ces beaux moments passés dans les écoles, le retour se fait par des moyens de locomotion locaux ... Le plus souvent en charrette ! Un peu tape-cul, mais très marrant ...
Après le repas de midi, nous avions des permanences pour préparer les dotations destinées à l'école visitée le lendemain. Toutes les participantes mettront la main à la pâte pour que la distribution se fasse le plus efficacement possible et que les enfants reçoivent le matériel en fonction des besoins de leur niveau scolaire.
Nous avions ensuite le choix de participer aux activités proposées en fin d'après-midi, balade en pirogues pour découvrir la mangrove et les îles voisines sur le fleuve, prendre le thé avec les habitants, défiler avec les créations d'une jeune créatrice de Foundiougne, ... Je n'en dis pas plus ...
... Ah oui, j'ai quand même trouvé le moyen de faire quelques cours de stretching pour remettre tout le monde d'aplomb !
Ces après-midi libres sont les bienvenues : après un trail, des émotions intenses et surtout avec un soleil ardent (44°C à l'ombre), il n'en faut pas plus pour avoir envie de rester un peu tranquille et vivre au rythme Sénégalais.
Tous les jours sont différents bien que découpés de la même façon ... Les courses du matin sont toutes distinctes et très intenses, les enfants chantent et dansent tous aussi bien, mais à chaque fois l'émotion est différente, et surtout plus la semaine avance plus les liens entre les participantes se renforcent, un vrai accélérateur d'amitié ! Et puis, je ne vous raconte pas tout, pour vous laisser découvrir ce que les organisateurs vous réservent ! ( Oui parce que je sais qu'après avoir lu ce récit, vous allez vous inscrire, direct !).
QUELQUES BELLES RENCONTRES ... Impossible de vous parler ici de toutes mes compères du séjour, j'aurais trop de choses à dire ... Par contre je voulais juste vous parler de quelques profils dans lesquels vous pourrez peut-être vous retrouver ...
Clémentine, institutrice à Paris, elle participe à la Sénégazelle pour la première fois, elle s'est inscrite seule, son inscription était son cadeau d'anniversaire pour ses 30 ans. Elle a récolté les fournitures grâce au conseil municipal des jeunes de sa commune de naissance dans l'Aude à Caunes Minervois. Elle a préparé cette aventure depuis presqu'un an, mais n'avait pas suivi d'entrainement particulier. Elle a marché 3 jours et couru les 2 derniers jours, car au fil du séjour l'envie de se dépasser physiquement est venue. Elle a adoré son expérience et pense recommencer sur une autre destination le plus rapidement possible. Cette fois-ci avec plus d'entrainement !
Fabienne et Elise, institutrices dans la même école à Béziers, elles participent ensemble à la Sénégazelle. Elles ont été interpellées avant tout par le côté solidaire, l'aspect sportif était la cerise sur le gâteau. Elles ont financé leur voyage avec l'organisation de " petits runs " le dimanche matin, avec un circuit de marche et un de course, la participation était d'un minimum de 3 euros, un bon moyen de passer un moment de convivialité et de partage et d'intégrer leurs relations à leur projet. Après 7 petits runs elles avaient bouclé leur budget et l'aventure humaine avait déjà commencé !
Fabienne sera la gagnante de cette session de la Sénégazelle, une vraie petite gazelle qui court à un très bon rythme, alors qu'elle dit ne jamais suivre de plan d'entrainement. Elle fait rarement des compétitions, mais elle aime vraiment courir ! Elle court tout de même 6jours/7jours et elle fait du crossfit, du renforcement musculaire, etc.
Les Québécoises, Majunla, la mère et Kaeshani, la fille, venues de Gaspésie pour participer ensemble à cette expérience. Elles ont entendu parler de cette course dans un livre dédié aux courses aventures partout dans le monde. Pas facile de s'entrainer pour une épreuve avec une météo qui diffère complètement de celle de leur pays ! Mais elles alternent course et marche et se sentent bien tout le long du séjour. Elles ont financé elles-mêmes le voyage, mais pour les fournitures elles ont fait une petite levée de fonds avec l'épicerie de leur ville, assez pour récolter de quoi acheter le matériel. L'événement n'est pas du tout connu au Québec et elles comptent bien en parler un maximum à leur entourage : elles ont adorés leur expérience !
Caroline, agent de service en milieu hospitalier, doyenne de ce séjour, elle arrivera 2 nd au classement. Elle est venue accompagnée d'Emmanuelle, qui fait la Sénégazelle à Foundiougne pour la deuxième fois ! Pour Caroline ce séjour est son cadeau de 60 ans, elle avait arrêté la course à pied pendant 27 ans pour s'occuper des ses enfants, elle reprend avec un grand bonheur. Elle a beaucoup aimé son expérience et le contact avec les enfants.
Et toutes les autres qui m'ont bien fait rigoler durant tout le séjour !!
LE STAFF : Durant cet événement le côté humain à une importance capitale. La bonne ambiance du groupe est aussi due au professionnalisme et à la personnalité des personnes qui encadrent le séjour.
Jean Michel Ferron, le directeur de courseIl est clair que Jean-Michel aime ce qu'il fait, il parle de la course avec les yeux qui pétillent, mais il n'est pas là que pour rigoler, il doit toujours avoir un plan B voir un plan C, la sécurité est en haut de sa liste à tous les instants, mais lorsqu'il donne le départ tous les matins c'est toujours avec un grand sourire !
Samba et Rasoul, les locaux : sans ces deux, la Sénégazelle ne serait pas la même ! Discrets mais efficaces, ils nous auront guidés tout le voyage !
Yann et Philippe, l'équipe technique : balisage, logistique, ... Sans eux nous serions perdus, dans tous les sens du terme
Evelyne, responsable " action de solidarité scolaire ", elle passe tout le séjour dans une grande salle à 40°C, pour nous aider à la préparation des sacs de fournitures qui pèsent une tonne, pour les écoles visitées le lendemain. Elle est efficace et attentive avec nous mais aussi avec les directeurs et instituteurs des écoles, pour que les dotations collent à leurs besoins.
Chrysoline, docteur et Valérie, infirmière, le personnel médical est là pour aider les participantes en cas de pépins, elles ne chôment pas pendant le séjour, car avec la chaleur les efforts physiques sont bien plus difficiles qu'il n'y paraît.
Cyril le photographe et Vincent le caméraman, pour immortaliser ces moments intenses.
Les pompiers du district de Foundiougne, présents tous les matins avec nous, pour nous accompagner tout au long du parcours.
Et tous les locaux qui ont ravis notre séjour, Ibrahima, Fatou, Christian Dior, Madame Dupont, et j'en passe !
La Sénégazelle est une épreuve de course à pied, exclusivement féminine, à allure libre, par étape, d'environ 10 km, au cours de laquelle une action humanitaire scolaire est organisée.
Le lieu d'arrivée de chaque étape est situé dans une école vers laquelle l'action
Humanitaire sera organisée. Chaque participante s'engage à amener du matériel scolaire qu'elle distribuera elle même aux élèves qu'elle rencontrera.
L'objectif est d'apporter des fournitures scolaires directement aux enfants avec l'assentiment des Directeurs d'écoles, de leurs familles, mais c'est aussi le moyen pour les participantes de découvrir les rivages du fleuve Saloum au fil des étapes de la course.
En 2007, lorsque Jean-Michel Ferron reprend les rênes de la Sénégazelles, 50 participantes distribuent 2,5 tonnes de fournitures, soit 877 élèves dotés. Aujourd'hui en 2017, plus de 250 participantes, avec 15 tonnes de fournitures scolaires et 20 000 élèves dotés et entre 95 et 100 % des élèves qui passent du CM2 à la 6 ième dans les écoles élémentaires visitées. Le gouvernement Sénégalais soutient cette action, et constate 30 % de moins d'absentéisme dans les écoles rencontrées.
QUI PEUT Y PARTICIPER : si la moyenne d'âge des Sénégazelles est de 47ans, il est tout à fait possible de la faire à tout âge, tant que sa condition physique permet de supporter une activité physique sous forte chaleur.
Les étapes peuvent se faire en marchant ou en courant, donc vous adaptez en fonction de vos capacités.
Notez tout de même que bien que le terrain soit plat sur les 5 étapes, cela reste un challenge sportif, le sable et la chaleur rendent la course plus difficile qu'elle n'y paraît !
La ligne d'arrivée de chaque étape se situe dans une école, où chaque participante distribuera aux élèves de l'établissement scolaire le matériel éducatif qu'elle s'engage à apporter dans ses bagages (46 kg/personne). Les participantes se préparent donc physiquement mais aussi et surtout pour cette action de solidarité en récoltant les fournitures auprès de le réseaux et ce par différents moyens.
" Cyril Bussat : www.photossports.com "