Ce n’est pas toujours facile d’être « de gauche ». Oh, bien sûr, tout le monde a compris que « de gauche » voulait forcément dire humaniste, progressiste, ouvert d’esprit et tendrement partageux, mais il arrive parfois que la mise en pratique de toute cette inclusion, tout ce vivrensemble bien épais pose des problèmes de cohérence d’ensemble. Anne Hidalgo, l’amère de Paris, le constate actuellement en multipliant les amusantes contorsions.
L’origine de ces gesticulations n’est autre que la prochaine tenue de Nyansapo, un festival afro-féministe. Comme son nom l’indique mal, il s’agit d’une manifestation organisée par le collectif Mwasi – je n’invente rien, même pas le nom – et dont le but officiel, affiché et revendiqué, consiste à organiser une ségrégation autoritaire pour séparer les Blancs des Noirs et les femmes des hommes.
Cette histoire vous rappelle quelque chose ? Oui, bien sûr : elle ramène en mémoire la précédente grotesquerie du collectif toujours aussi Mwasi, il y a tout juste un an de cela, et qui entendait organiser des ateliers dans le cadre d’un Grand Camp d’Été de Décolonisation strictement interdit aux Blancs.Bien évidemment, l’ensemble de ces manifestations n’est pas présenté comme la mise en place d’une ségrégation, ni comme l’expression d’un racisme doublé d’un sexisme parfaitement assumés. Pour les organisateurs, il s’agit une nouvelle fois d’une lutte contre la méchante oppression provoquée par Les Blancs et Les Hommes. Il ne s’agit pas de ségrégation, mais de « non-mixité ». Il ne s’agit pas d’un racisme subi, mais d’une méthode d’organisation militante. Comme quoi, avec les bons termes, toute saloperie collectiviste passe comme une lettre à la poste.
Parce qu’évidemment, il s’agit bien ici d’une parfaite débilité collectiviste comme les communistes, les fascistes et les nazis produisent régulièrement : ce collectif entend en effet lutter contre « Les Blancs » ou « Les Hommes », dans un bel amalgame impossible à définir réellement. Ce sont en effet « Les Blancs » (tous) qui sont responsables de racisme, ce sont en effet « Les Noirs » (tous) qui en sont victimes.
Les nuances n’ont aucun intérêt et personne ne voudra les connaître. Ainsi, comment définit-on le degré de « blancheur » d’un individu qui serait issu d’un parent (ou, plus compliqué, d’un grand-parent) Noir ? Un nuancier va-t-il être requis ? Quid des albinos ? De la même façon, comment qualifier un homme noir qui aurait choisi de changer de sexe ? S’il n’a pas encore subi son opération mais se considère pourtant femme, aura-t-il le droit de participer aux palpitants ateliers que propose le collectif ? La « non-mixité » millimétrée promet d’être particulièrement intéressante.
Plus à propos, comment ne pas voir les similitudes plus que troublantes entre nos aimables anti-racistes anti-mixité de gauche (qui n’hésitent pas à balancer de la « négresse de maison » à une journaliste métissée) et les méchants racistes ségrégationnistes de droite ? Si, certes, ils ne peuvent pas s’encadrer les uns les autres, on peut cependant convenir qu’ils s’entendent très bien sur une séparation raciale et sexuelle bien définie : à la limite, on ne pourrait qu’encourager leur synergie qui entraînerait probablement des économies d’échelle dans leurs « festivals » et autres « ateliers non-mixtes » ; il suffirait d’un peu d’imagination pour organiser des squats sans trop mélanger keffiehs, toilettes sèches et croix celtiques.
Au milieu de toutes ces consternantes calembredaines qui auraient provoqué de truculents billets de Philippe Muray, Anne Hidalgo s’agite donc pour tenter de gagner un minimum de cohérence politique. C’est évidemment peine perdue, son absence définitive de colonne vertébrale l’empêchant de se tenir droite.
Il n’empêche qu’elle aura tenté d’interdire la bouffonnerie, avant de « trouver une solution », c’est-à-dire la cantonner dans un entre-soi bien commode. Que voulez-vous : la République – même si des hordes de petits kapos y travaillent – n’a pas encore le moyen d’interdire le racisme dans un cadre privé.
Malgré tout, force est de constater que cette position tenue par Anne Hidalgo représente un changement notable dans sa façon d’agir : alors qu’elle nous avait jusqu’à présent habitué à une longue approbation (malheureusement pas toujours silencieuse) de l’éco-festivisme déjanté et des pires lubies gauchisantes au sein de sa municipalité, c’est probablement la première fois que la maire de Paris exprime ainsi une opinion tranchée, et pas en accord avec la doxa bien-pensante du moment.
On est en droit de se demander si la pauvre politicienne, devant la débâcle monumentale du Parti Socialiste, n’est pas en train d’essayer de s’acheter cette colonne vertébrale qui lui a toujours si cruellement manquée. Serait-elle en train de tâtonner le terrain pour trouver de nouveaux appuis après le décollage faramineux de son fumeux mouvement disruptif qu’elle avait créé, probablement entre deux vapeurs d’alcool, avec Christiane Taubira et Martine Aubry à la suite de la cinglante déculottée de la présidentielle ?
Eh oui : nécessité fait loi ou presque. Anne et Christiane sont dans le même bateau que Martine, à savoir un Parti Socialiste en ruine, duquel semble complètement absent la moindre direction, tant managériale qu’idéologique, et que les forces vives abandonnent soit pour s’exfiltrer vers une France Insoumise qui ressemble de plus en plus à une succursale du PCF, soit pour se mettre « en marche » en claudicant sans direction précise.Autrement dit, peut-être assistons-nous au réveil d’une réflexion de la part de la maire de Paris, chose qu’elle n’avait pas faite depuis des décennies. Il faut dire qu’elle se retrouve, tout d’un coup, fort isolée : ayant eu la maladresse de soutenir bien trop ouvertement Benoît Hamon plutôt qu’Emmanuel Macron pendant la présidentielle, ayant cumulé cette maladresse aux tacles pas toujours subtils de celui qui allait devenir le président de la République, elle s’est rapidement retrouvée esseulée par ses proches conseillères (Anne de Bayser et Élisabeth Borne) qui ont rejoint Macron. Parallèlement, Delanoë, lui aussi soutenant Macron, n’a pas hésité à fournir tous les renseignements les plus utiles pour que le président puisse l’isoler encore plus…
Ah, décidément, ce n’est pas facile de sortir de sa léthargie intellectuelle. Non, ce n’est pas facile d’être de gauche, surtout actuellement alors que le collectivisme, le relativisme et les querelles de clochers font rage. Ce n’est pas facile d’être socialiste surtout lorsqu’on a été, si longtemps, dans le Camp du Bien et alors que ce dernier commence à sentir franchement le faisandé.
Allez, Anne, bon courage. On te regarde faire.
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