Le public de la petite salle rue de Charonne est à l'heure pour la cinquième édition des soirées Oh Taquet ! qui met en avant les jeunes prodiges des Chantiers des Francofolies et d'Arcadi. Ce soir c'est Ben Mazué et Pi Ja Ma qui investissent La Loge. Ambiance chaleureuse et intime pour deux courtes mais poétiques capsules musicales.
Ben Mazué et son cœur d'enfant romantique
Avec pour seule compagne de scène sa guitare sèche, c'est Ben Mazué qui ouvre la soirée. Quelques réglages micro et un accueil chaleureux du public plus tard, il entame son set avec " J'arrive ". Frappant les cordes pour apporter de la rythmique ou privilégiant les doux arpèges, il alterne entre émotion et mouvement. Ses textes, emprunts d'un romantisme naïf, racontent avec poésie les étapes d'un garçon qui grandit.
Il y a quelque chose du conteur dans sa façon d'écrire, évident sur " 25 ans " un quasi slam qui raconte la rencontre de deux âges : l'homme de 25 ans et la femme de 35.
C'est dans un titre en hommage aux aînés qu'il conclut son set, quelques notes d'une guitare discrète pour porter un texte délicat.
Douceur et psychédélisme de Pi Ja Ma
Après avoir parsemé la scène de dessins à l'encre noire, marque de fabrique de Pi Ja Ma, le groupe monte sur scène. Une batteuse, un guitariste, une bassiste se partagent avec équilibre l'accompagnement et les chœurs. On se souvient de l'impression plutôt rock indé qu'on avait eue au festival Les Femmes s'en mêlent. Ce soir, dans une salle plus intimiste, Pi Ja Ma nous apparaît plus douce et psychédélique.
La voix est aérienne, avec parfois une petite touche de reverb pour " In the air " afin d'accentuer l'effet féerique. Quelques samples ou percus électroniques sont ajoutés, notamment sur " Don't wake ", créant ainsi une autre couleur, tout autant captivante.
La scénographie est travaillée avec pour décor de scène des illustrations et des vinyles. Les musiciens sont aussi chorégraphiés. Sur l'hypnotisante " By the River ", la jeune femme se trace lentement un long trait sur chaque bras, le cours d'eau d'une rivière ou l'illustration du temps qui passe. Simple et efficace. On assiste à une vraie danse chorégraphiée sur " Radio girl ", joliment orchestrée, et rapidement accompagnée par les claquements de main du public.
Pour conclure le set, la dansante " Sugar Sugar " finit de conquérir le cœur du public, qui n'hésite plus à onduler des hanches. On reste encore quelques minutes dans la bulle Pi Ja Ma, confortable et protectrice, avant de quitter La Loge, totalement conquises.
Texte : Jeanne Cochin | Photos : Emma Shindo