Dimanche dernier se tenait au Saint-James un petit "off" de grand intérêt regroupant une quinzaine de vignerons, qui se définissent comme des "vignerons partageurs". Au programme,Vacheron, Riffault, Cuilleron, Th Germain, Gauby, Ogier, Zernott, Albert Mann et autre Mathieu Cosse... Je n'ai pas fait tous les stands, d'autant que j'allais en retrouver certains sur d'autres off. J'y ai fait en tout cas de belles découvertes.
Commençons par le Champagne avec le domaine Agrapart. Situé sur Avize, tous leurs champagnes sont à base de pur chardonnay. Leur première cuvée, les 7 crus, réveille dès le matin:c'est frais très vif, avec une fin mordante. Leur deuxième, Terroirs, est plus ample, avec de la vinosité et une très bonne persistance. On continue avec Minéral 2000 qui possède un joli nez de chardonnay sur la noisette grillée et la brioche. La bouche gagne encore en ampleur en en profondeur, avec en trame une minéralité marquée. Jolie persistance. L'Avizoise a été vinifiée, elle, en barrique neuve.Le nez y gagne encore en raffinement et sensualité, et la bouche en expression. Très beau. Quant à Vénus 2001, elle porte bien son nom: on ne peut que tomber amoureux de son joli nez, mais aussi de sa bouche moelleuse,racée, d'une grande élégance. Vraiment très bien!
Continuons par Albert Mann (Wettolsheim). Ses Riesling, que ce soit la cuvée Albert 2006 (très pamplemousse, même dans l'amertume finale) ou son Schlossberg 2005 (nez exotique, bouche dense et minérale) valent le détour. Mais c'est dans le pinot gris qu'il excelle: que ce soit son Furstentum 2004 (poire, miel, d'une ampleur impressionnante), son Hengst 2005, d'une grande tension minérale qui persiste longuement en bouche, ou son savoureux Altenbourg 2005 VT,suave mais parfaitement équilibré. Ses Gewurtz ne sont pas en reste: son Furstentum 05 allie fraîcheur et élégance, tandis que son SGN 2005 est une merveille de raffinement et d'équilibre!
Pour rester dans les blancs: Cuilleron. Son Saint Peray 2006 "les cerfs" est vin au nez expressif, avec une bouche ample, grasse munie d'une bonne vivacité. Bel équilibre général. Le Condrieu "les Chaillées" 2006 a un nez très fin sur l'abricot et la violette, une bouche avec beaucoup de gras, mais qui joue dans le registre de la finesse et de l'élégance. C'est tellement bon que l'on regrette que la finale soit un peu courte.
Une découverte totale: Benoït Riffault, du domaine Etienne Sauzet (Puligny-Montrachet). Son Puligny 2005 d'entrée de gamme est un joli chardonnay rond, équilibré, d'une belle droiture. Le Puligny Montrachet 1er cru "les Refferts" 2005, originaire d'une parcelle à proximité de Meursault Charmes, en reprend certaines caractéristiques: nez très expressif, ampleur, rondeur, élégance, belle persistance. Joli vin. Le Puligny Montrachet 1er cru Champ-Canet est à proximité de Perrières. Le bouche se fait plus intense, avec une minéralité plus prononcée. Très joli! Le Puligny-Montrachet 1er cru Les Combettes 2005, situé entre les deux précédents, allie gras, ampleur, finesse et minéralité. J'aime beaucoup!
Petit tour chez Julien Zernott, du Pas de l'Escalette. Son Clapas 06, issu de Carignan blanc et de Terret Bourret est un très beau vin. Peut-être son meilleur millésime. Le nez est sur des notes d'amande fraîche et d'anis, la bouche est ronde, grasse, avec beaucoup de fraîcheur. La finale est puissante, d'une grande persistance. Un beau vin du Sud!
Descendons un peu plus au Sud avec les vins du Domaine Gauby et du Soula: le Soula blanc 2005 est un joli vin avec de la fraîcheur, du gras et une bonne vivacité. Le Gauby Vieilles Vignes 2005 est un vin plus dense, avec de la mâche. Il se révélera dans les années qui viennent. On passe à un niveau supérieure avec la Coume Gineste 2005 (grenache blanc et gris): nez sur la pêche, l'amande et des notes minérales fumées. Bouche d'une ampleur presque irréelle, avec de la minéralité en lame de fond qui monte doucement pour s'imposer dans une finale riche et puissante. Très beau. Nous passons alors aux rouges. D'abord Calcinaires 06, plein de fruits rouges et de fraîcheur. Puis Vieilles Vignes 2006, plus épicé, avec une matière plus ample et un fruité plus intense. On monte d'un cran avec la Muntada 2006: son nez est d'un grand raffinement. La bouche est encore plus riche et plus ample, avec une finale d'une grande fraîcheur. Pour finir, une petite gourmandise: Caricia 2005 (grenache muté): joli nez de crème de framboise, bouche ronde, pulpeuse, d'un fruité intense, et le tout est frais, équilibré. Miam!
Petit tour chez Thierry Germain (les Roches neuves). Son Anjou blanc Insolite 2006 continue la voie tracée par le 2005: le boisé s'efface totalement derrrière le roi Chenin. Nez sur les fruits blancs, bouche fraîche, de bonne ampleur, avec un côté friand. Finale avec une belle mâche signant le terroir. En rouge, les Roches Neuves 2006 est un vin de consommation immédiate: ce serait dommage de ne pas profiter de son fruit débordant, de sa gourmandise joyeuse. On passe dans un autre registre avec les Terres Chaudes 2006: si c'est déjà un bonheur de le boire maintenant, car sa matière est pulpeuse et friande, sa densité permettra de le voir évoluer plusieurs années sans souci. Toujours plus fort: Marginale 2006. Pour tout dire, c'est de la bombe! C'est bourré de fruit avec une matière somptueuse et des tannins parfaitement fondus... Un régal!
Autre belle découverte: le Clos du Caillou. Tous les vins de ce domaine m'ont plus, du plus petit blanc au plus grand rouge. Le premier Côtes du Rhône blanc est à base de Clairette rose. On l'imagine bien avec des tapas, avec son côté rond et sec à la fois. Le Bouquet des Garrigues 2006 (grenache, clairette, Viognier, roussanne) a un nez d'amande fraîche avec une pointe de silex. La bouche est ample, riche, avec un beau gras. En finale, la minéralité reprend le dessus avec un note fumée. Le Chateauneuf blanc 2005 (Roussanne, grenache, clairette) qui suit éclipse le précédent: nez superbe sur la pêche, le miel et les fleurs blanches. La bouche est hénaurme autant par son volume que par sa richesse, et surtout profondément minérale: on suce du caillou! La finale est à l'avenant. Mon plus beau CDP blanc bu à ce jour! Je ne suis pas au bout de mes surprises. Les rouges tiennent eux aussi bien la route. Dès l'entrée de gamme, le CDR bouquet des garrigues 2005, on est subjugué par un joli nez, une bouche ronde, gourmande,aux tannins fondus. Une friandise! Le CDR Quartz 2005 est un remake du premier avec tout en plus: plus intense, plus rond, et plus doux encore... Jusqu'où vont-ils aller? On passe au CDR Clos du Caillou 2005: un très beau nez, frais et fruité. Une bouche sensuelle, aux tannins soyeux, et de la fraîcheur à revendre. Que du bonheur! Le premier Châteauneuf du Pape, Clos du Caillou 2005, aux tannins encore très présents me plaît beaucoup moins. Mais on se rattrape avec le deuxième, Quartz 2005, à la matière riche, presque confite, mûre et savoureuse en diable. Bouquet final: la Réserve 2005 (cuvée faite uniquement les grandes années): nez très classieux sur le cèdre, le cacao, le moka et les épices. Bouche dense, profonde, aux tannins soyeux et mûrs. Longue et belle finale. Un grand vin!
Finissons ce petit tour par le domaine Ogier (Côte Rôtie). J'ai préféré de loin les rouges au blanc, un peu trop dominé par le bois à mon goût. Tout d'abord, un côtes du Rhône, La Rosine 2005: nez sur les fruits bien mûrs, légèrement poivrés et une touche de camphre. Bouche toute en rondeur et fraîcheur, tannins soyeux. Miam! Son Côte Rôtie 2005 a un très beau nez sur les fruits noirs confits et les épices. La bouche est suave, riche, d'une grande élégance. C''est très bon! Son Côte Rôtie Belle Hélène 2004 est dans un autre registre, plus typé, avec des notes de cassis, de poivre, de violette et de suie,. Bouche dense, bien mûre, avec des tannins d'aciers recouverts de soie. Finale sur des notes de cacao et de fumée. Très beau vin!
C'est sur ce vin que nous quittons le Saint-james. Nous partons ensuite au Moulin Pey-Labrie pour un deuxième off qui s'avérera beaucoup moins intéressant, il faut bien l'avouer...