30 mai Portrait Jeff a un physique de travailleur manuel rongé par les ans. Ce qui frappe d'abord chez lui ce sont ses mains : ridées comme une vieille pomme de terre oubliée dans une cave, calleuses avec l'empreinte en creux du manche de bêche. Des bras, nus l'été noueux de cep de vigne, des épaules musclées mais que les efforts entraînent vers le bas. Les abdos ont abdiqué et laissent place à un ventre généreux, gavé de bonnes choses mauvaises pour la santé, on imagine le cœur trop grand bardé de mauvaises graisses. Ses jambes, trop peu souvent à l'air libre, c'est un pudique, sont celles d'un vieux sportif. Mais sa tronche, rabelaisienne parle pour lui. Le nez est parcouru de veinules bordeaux, ses yeux délavés constamment parcourus des rides du sourire. Sa lippe généreuse et charnue est capable d'engloutir d'un coup un pilon de poulet. Jeff a un physique de travailleur manuel rongé par les ans.
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