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Après des mois d’une bataille politique pour trouver une entente sur la réforme de l’Autorité israélienne de diffusion connue sous le nom de IBA, qui a même conduit Benjamin Netanyahu à menacer d’organiser des élections anticipées, le couperet est finalement tombé. Après 49 années d’existence de la chaine, les journalistes n'ont finalement eu que deux heures pour rendre l'antenne.
Officiellement, il s’agissait de relancer une institution trop couteuse et en perte de vitesse face aux chaînes privées, officieusement, c’est l’obsession du Premier ministre pour le contrôle des médias qui aura été la cause de cette fermeture brutale. Le lundi 15 mai 2017 la nouvelle radio publique s’est faite entendre sur les ondes, du même nom que l’ancienne, Kol Israël, mais non sans quelque tristesse pour les centaines de collaborateurs laissés sur le côté. De son côté, la chaine1 doit être remplacée par la Public Broadcasting Corporation (PBC) prochainement. Même si le cabinet du gouvernement affirme n’être en rien responsable de cette fermeture "déshonorable et irrespectueuse", cela ne change rien au scandale provoqué dans l’opinion publique.
La relation et l’attitude du Premier ministre avec les médias a toujours été au centre de sa carrière. A l’instar de Donald Trump, il s’est toujours présenté comme l’homme de l’anti-système face à des médias biaisés et injustes envers lui. En 2015, il avait déjà réorganisé la société de diffusion publique, avec nouveaux budgets et de nouveaux journalistes. Mais à la tête de ces rédactions sont finalement apparus des journalistes indépendants, un peu trop pour le gouvernement.
De nombreuses personnalités du Likud estimaient que du fait que les budgets soient octroyés par le gouvernement, il n’y avait aucune raison à ce qu’ils n’en aient pas le contrôle. La ministre de la Culture et alliée de Nethanyahu, Miri Vegev, avoue elle-même ne pas être très favorable à l’indépendance des journalistes, "Quel est l’intérêt de créer une société de diffusion publique si on ne peut pas la contrôler?" Le ton est donné.
La situation est un véritable bras de fer politique depuis des mois. Le ministre de l’Économie, Moshe Kahlon, qui n’appartient pas au Likud, ne souhaitait pas démanteler tout ce qui a été mis en place et devoir ainsi indemniser les centaines de journalistes limogés. Un accord a été trouvé mais la situation reste assez imprécise. La nouvelle société a été divisée en deux, une rédaction, celle de l’information, qui sera sous contrôle du gouvernement et le reste des programmes habituels. Télé et radio vont certes produire du contenu de toute sorte, mais sans la liberté de ton qui existait auparavant. Le gouvernement de Netanyahu tente depuis longtemps de museler l’information politique. Rappelons qu’il a lancé il y a 5 ans le quotidien gratuit le plus lu et diffusé en Israël, Israel Hayom, qui lui sert de porte-voix et a mis à mal économiquement ses concurrents indépendants. Financé par un de ses proches amis milliardaires américains de droite, Sheldon Andelson, il est même surnommé "journal de bibi" en Israël, appellation donnée à Netanyahu.
L’avenir reste donc plus qu’incertain pour la liberté journalistique face à un gouvernement gangrené par des affaires de corruptions et hostile aux médias, qui semble bien décidé à mettre la main tout autant sur la forme que le fond de la diffusion de l’information.