Il faut oser monter le perron de cet hôtel particulier construit en 1844, appartenant toujours à Marcel Dassault, pour découvrir le restaurant, de 65 couverts, installé juste à coté de la maison de vente Artcurial.
L'accueil est la première clé du succès. Jacky est un maître d'hôtel très attentionné et Luca un sommelier aguerri. Quant aux deux chefs, il ont vite compris que l'endroit se prêtait à une cuisine créative sur des bases traditionnelles.
Faire aussi beau que bon, telle fut la feuille de route qui leur a été assignée. Évidemment en leur fournissant des produits de qualité, majoritairement en provenance d'Italie du Nord, car il connait très bien le Piémont dont il est originaire.
Ils sont la base des recettes servies au restaurant au cours des repas, comme pour le brunch dominical souvent servi dans la première salle à manger, plutôt intime.
Il suffit d'un verre de Spritz pour se sentir ici comme dans un patio romain ... sans avoir besoin de prendre l'avion.
Un menu autour d'un plat-dessert ou entrée-plat change tous les jours et garantit la surprise aux habitués. On pouvait hier se régaler d'un Oeuf poché et asperges vertes, et pour suivre un Tajarin "spaghetti maison" (des pâtes à section carré) crème d'aubergines, tomates séchées et fondue de fromage carioca allo (mozarella fumée), et terminer par le Tiramisu, qui est une grande spécialité de la maison.
Le choix est plus vaste à la carte. J'évoquerai seulement pour mémoire tout ce qui est Salumaria, des charcuteries découpées à la Berkel : San Danièle, Speck ou Bresaola ou les trois. La grande hésitation se joue entre poulpe et mozzarella.
Si on préfère un vin rouge, le choix de Luca se porte sur un autre vin piémontais, le Maioli de Anna Maria Abbona Dogliani. C'est un dolcetto, un cépage autochtone, suave et sensible. qui embaume les arômes de fruits, et qui est très agréable sur les antipasti. La viticultrice est très respectueuse de la vigne, quitte à être jugée comme un peu la rebelle dans sa région. Elle a parié sur une autre forme de vinification pour donner à son vin un coté très naturel, qui bientôt pourrait avoir le label bio.
Il y a bien entendu une sélection de Formaggio régionaux italiens : Castelmagno, Gorgonzola, Taleggio (un fromage de lait de vache provenant de l'Italie septentrionale), ou Asiago DOP. Et ils sont accompagnés de confiture au miel.
Ce sont tout de suite les fleurs blanches qui imposent leur parfum, immédiatement suivies par le litchi, certains diront la rose ancienne ou la poire.
Si vous souhaitez terminer par une note sucrée, scrutez la carte des Dolci qui sont les desserts maison. Outre la grande spécialité, Il Tiramisu, il y a de quoi hésiter entre le Strudel alla Trentina, en pâte filo croustillante, pignons et raisins secs, pommes et poires flambées à la grappa, glace à la vanille maison, et l’Arancio, crumble de biscuit friable façon "sbrisolona", crémeux de chocolat "Itakuja" et gelée d’orange. A moins d'avoir envie de fraicheur avec deux boules de glace à l’italienne à choisir entre vanille, chocolat, café, citron et autres parfums de saison.
Ce jeune chef connait et apprécie la cuisine traditionnelle française, comme le Bourguignon, la bouillabaisse, la choucroute. Etant d'origine vénitienne, il est heureux de pouvoir inscrire à la carte le Risotto al Nero, au noir de seiche comme il est préparé à Venise. Ou encore le Rise e Bisi, aux petits pois frais, fromage crémeux et menthe, qui est un plat que même les pauvres peuvent s'offrir.
La fontaine aux oiseaux de Jean-Michel Folon veillera dans la cour jusqu'au 13 juin. Elle sera adjugée au cours d'une grande vente aux enchères.
7 Rond-point des Champs Elysées, 75008 Paris
11h30-15h puis 19h-23h du lundi au samedi, 10h30-22h30 le dimanche