Dans une langue bourrée de termes abstraits, démultipliant les propositions subordonnées relatives, les énumérations, les point-virgules, l'auteure afro-américaine la plus en vue des années 1990 tente de démontrer que la présence des Noirs sur le sol américain depuis le XVIIè s. a fortement imprimé sa marque dans une littérature qui pourtant se comporte comme s'ils n'existaient pas.
Les exemples sont peu nombreux et n'arrivent qu'après 40 pages de bavardage. Le premier d'entre eux, d'un intérêt discutable, est de Willa Cather, inconnue au bataillon, qui semble produire des romans de seconde zone à propos desquels on se demande ce que Toni Morrison peut y trouver de consistant.
Après une longue analyse de Willa Cather, Toni Morrison en vient enfin à des auteurs qui méritent une analyse poussée : Mark Twain, Edgar Alan Poe, Ernest Hemingway. A propos de ce dernier, sur lequel elle termine son ouvrage, elle fait bien de nous préciser qu'elle ne règle pas de compte personnel et qu'elle ne vise pas à dicter aux auteurs ce qu'ils doivent écrire ou non, quels sujets ils doivent traiter, de quelle façon, etc. Parce que si elle se défend de le faire, elle le fait bel et bien.
Bref, un ouvrage d'un intérêt théorique pauvre, où l'auteure, peut-être trop proche de son sujet, peut-être simplement mal à l'aise dans le champ théorique, ne parvient au mieux qu'à enfoncer des portes ouvertes.
Toni Morrison : un roman, un essai, deux déceptions ! A suivre...
114 pages, coll. 10/18 - indisponible