Il prétend que toutes les conditions sont réunies pour la mise ne oeuvre de l'article 59 de ce texte qui prévoit cette possibilité "lorsque l'intégrité du territoire national est menacée ou que se produisent des événements qui entravent le fonctionnement réguliers des institutions constitutionnelle s".
Peut-on dire objectivement que aujourd'hui en cette fin mai 2017, l'intégrité de notre territoire national soit menacée plus qu'hier ou plus qu'il y a un an ?
Nous avons une armée qui défend nos frontières et qui est la garante de cette intégrité territoriale. Et je ne pense pas la menace soit plus forte ou moins forte que depuis des années.
Nous avons des services qui veillent à la sécurité des citoyens et la sûreté de l'état : leur tâche est difficile, compliquée et elle se réalise dans la discrétion et l'efficacité.
Peut-on prétendre que l e fonctionnement régulier des institutions constitutionnelles soient entravés par des événements quelconques ?
Le parlement dans ses deux chambres se réunit, ses commissions fonctionnent, les élus de la nation votent des textes, avec un absentéisme condamnable mais qui n'entravent aucunement le fonctionnement de institution parlementaire.
Le gouvernemen t gouverne et gère les problèmes quotidiens du pays : jusqu'à présent .aucun événement n'est venu perturber ou entraver l'action gouvernementale. Cette action pouvrrait et devrait être plus efficace, plus efficiente, plus visible, peut-être mieux expliquée, certes mais elle n'est pas entravée par quoique ce soit!
Le pays fonctionne : l'eau et l'électricité sont distribuées, les trains circulent avec du retard mais ils circulent, les écoles accueillent les élèves, les hôpitaux ne désemplissent pas même si les malades ne sont pas traités de la manière la plus convenable, les gens paient leurs impôts et les fonctionnaires sont payés, le pain ne manque pas, bien au contraire chaque jour des tonnes de pain rassis finissent des les entrepôts en vue d'être transformés en aliments pour le bétail, les voitures roulent sur les routes et autoroutes provoquant autant d'accidents que d'habitude, les aéroports sont ouverts, les autocars transportent toujours autant de voyageurs avec autant de légèreté dans le respect du code de la route, les tribunaux jugent même si les jugements ont toutes les difficultés du monde à être exécutés. Les banques sont ouvertes et de nouvelles instituions financières s'installent dans le pays!
Les partis politiques même s'ils ne sont plus crédibles tiennent leur congrès et élisent leurs dirigeants qui espèrent un jour devenir ministres, car c'est entre autre une de leurs priorités.
Les élus locaux se réussissent, délibèrent, se partagent le gâteau communal ou municipal comme ils l'ont fait depuis que l'administration locale existe au Maroc : ils s'arrangent pour être réélus malgré tout ce qu'on peut leur reprocher!
Bien sûr rien n'est parfait dans ce pays, et rien ne le sera jamais mais de là à dire que la seule solution srait l'état d'exception, il y a un pas que je n'envisage pas.Justifier l'état d'exception par les événements récents d'Al Hoceima, car c'est de cela dont il s'agit, reviendrait à considérer que UNE PERSONNE ET UNE SEULE peut entraver le fonctionnement de notre pays!
Bien sûr que mon propos n'est pas minimiser ou de mépriser ce qui se passe dans la région du Rif, que je connais parfaitement et pour laquelle j'ai une estime et tendresse particulières.
Il convient de reconnaître que ce qui arrive à Al Hoceima est la conséquence d'une mauvaise gestion d'une situation relativement délicate donnée.
Le gouvernement a manqué de savoir-faire dans le domaine de communication!
Les élus ont failli à leur devoir en evitant de se mouiller face à un problème où ils sont partie prenante.
Les partis politiques étaient trop occupés à se partager la galette héritée des élections d'octobre 2011.
Tout cela relève d'une mauvaise gouvernance et n'entrave en rien le fonctionnement régulier des institutions constitutionnelles.
Que le roi intervienne en tant qu'arbitraire suprême, soit !Mais qu'il suspende la constitution, ce n'est ni le moment ni l'occasion ! Ce serait céder à la tentation de l'autoritarisme et ouvrir la voie aux critiques les plus vives et qui seraient dans ce cas justifiées!
L'état d'exception n'a pas été envisagé durant les premiers mois de l'année 2011 : la réponse au mouvement dit du 20 Février qui a touché une grande parti du pays a été donnée dans le calme et la continuité de ce qu'est le Maroc.
L'état d'exception n'a pas été évoqué durant les longs mois qu'a duré la difficile et presque impossible gestation du gouvernement Benkirane, suite aux législatives d'octobre dernier. L'impossibilité du chef du P.J.D. à former un gouvernement - je n'entre pas ici dans la responsabilité de tel ou tel dans ce blocage - a laissé le pays sans réelle autorité centrale, le parlement au chômage technique et le pays face à une grave crise institutionnelle.
Cette situation aurait pu faire capoter les efforts de notre diplomatie, menée tambour battant et sur le terrain par le souverain, si un compromis "historique" n'avait pas été été trouvé pour faire fonctionner le parlement dans les délais en vue de se prononcer sur le retour au sein de l'U.E.
Ce n'est donc pas les manifestations de Al Hoceima et des villages qui l'entourent, ni les sit-ins organisés à Tanger, Rabat et Casablanca aux cris de "Makhzen dégage, Rif dignité" qui entraveront le fonctionnement normal des institutions constitutionnelles!
Mais si nos hommes politiques continuent leur action nombriliste, consistant à s'assurer une place au soleil au détriment de leur vraie mission qui est d'encadrer le peuple et de le mobiliser, oui.....le fonctionnement des institutions constitutionnelles sera entravé.
L'absentéisme éhonté des parlementaires et leur déconnexion totale avec leur base finiront par entraver le fonctionnement de la représentation nationale.
L'incurie de certains ministres, leurs déclarations à l'emporte-pièces, le manque total et incompréhensible de toute politique de communication, le comportement de certains agents d'autorité qui encore aujourd'hui n'ont rien compris au "nouveau concept de l'autorité" peuvent contribuer au blocage de l'action gouvernementale.
Tant que des juges seront soupçonnés et d'autres arrêtés pour des faits de corruption, l'institution judiciaire - érigée en pouvoir au même titre que le pouvoir exécutif et dotée de son indépendance - risque en effet de voir son fonctionnement normal entravé.
Les collectivités locales, communes, municipalités, pourtant rompues à l'exercice du pouvoir semblent tournéer en rond non pas par manque de moyens mais par manque de sérieux des élus, plus intéressés par leurs propres intérêts que par celui de leurs électeurs! Pourtant, ce secteur public fonctionne cahin-cahin, selon le sens de la responsabilité et le degré d'abnégation et de dévouement au peuple de beaucoup d'élus.
Les régions, crées et mises en place en 2015, semblent ne pas être encore en mesure de fonctionner normalement : elles ne sont pas bloquées, leur fonctionnement n'est pas entravé, il est juste retardé. Le gouvernement n'a pas encore pris les décrets d'application de la loi sur la régionalisation. Ce n'est pas normal mais cela ne constitue pas un motif valable pour évoquer l'état d'exception.
Alors pourquoi nous embarquer dans un état d'exception, dont le souvenir est encore douloureux dans la mémoire de ceux qui ont vécu le précédent décrété en 1965 et qui a duré jusqu'en 1972.
Ce n'est pas l'état d'exception qu'il faut à ce pays, mais juste UN FONCTIONNEMENT NORMAL ET SÉRIEUX de ses institutions, donc avant tout UN COMPORTEMENT NORMAL ET SÉRIEUX DE TOUS SES RESPONSABLES, POLITIQUES, GOUVERNEMENTAUX, ADMINISTRATIFS, JUDICIAIRES, ELUS LOCAUX, PROFESSIONNELS et NATIONAUX.