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Nikos Kokkalis a 35 ans et vit à Athènes. Titulaire d'une licence en sciences politiques, il travaille en tant que traducteur dans le secteur juridique. Il nous raconte les changements survenus dans son quotidien depuis le début de la crise.
"Beaucoup de choses ont changé depuis le début de la crise. Lorsque je suis entré sur le marché du travail, je touchais 800 euros par mois, et j’étais considéré comme un travailleur précaire. Aujourd’hui, je n’en touche plus que 600, et je me sens particulièrement privilégié. Se rendre au travail est devenu beaucoup plus difficile, car la fréquence de passage des bus a été réduite d’1/3. Certains quartiers d’Athènes ne sont carrément plus couverts par le réseau de transport. Beaucoup de mes amis ont quitté le pays, et beaucoup continuent à partir chaque année pour trouver du travail et envoyer de l’argent à leur famille restée en Grèce. La plupart de ceux qui sont restés sont au chômage, ou travaillent pour une misère dans des conditions de précarité extrêmes", explique-t-il.
Outre le chômage et les conditions de travail, les purges imposées par l'Europe et le FMI ont également impacté les services publics et le pouvoir d'achat: "Tous les prix ont augmenté en raison d'une forte hausse de la TVA et des taxes sur les produits alimentaires. En parallèle, on a subit une baisse des salaires, des pensions de retraites, et des coupes dans les minima sociaux. Les budgets gouvernementaux de la culture, de la santé et de l'éducation se sont effondrés. De plus, la privatisation massive des services publics a produit simultanément une hausse des tarifs et une baisse de la qualité des prestations, comme c'est le cas pour les compagnies aériennes et ferroviaires. Mais ce n'est pas fini, aujourd'hui, c'est l'accès à l'eau qu'ils veulent privatiser".
Comme beaucoup de Grecs, Nikos a cru que la situation allait s'améliorer après la première victoire de Syriza début 2015. Toutefois, ses espoirs se sont bien vite envolés. "Je savais que Syriza disposerait de marges de manœuvres très faibles, mais j'avais bon espoir que Tsipras et son parti tiennent tête à la Troïka" confie-t-il. "Mais rien de tout cela ne s'est passé, et il a même cédé à chacune de leurs exigences. Si nous continuons dans la voie de l'austérité, l'avenir s'annonce plus que sombre pour le peuple grec", ajoute-t-il.
Militant pour l'organisation d'extrême-gauche Xekimina, Nikos a des solutions à proposer pour sortir son pays de la crise. "[La bureaucratie européenne ne connaît que l'austérité néo-libérale. Cette politique est en train de la ronger de l'intérieur, en provoquant la montée des nationalismes, la crise économique, et des disparités croissantes entre les États du Nord et du Sud. La seule solution pour la Grèce, c'est de quitter cette Europe qui se meurt. Une fois la sortie de la zone euro, seule une politique d'investissement audacieuse pourra permettre aux grecs de sortir de la crise]i", explique le jeune hellène. "Nationalisation du secteur bancaire, renationalisation des secteurs économiques clés (énergies, santé, transports, télécommunication...), plafonnement des bénéfices pour les compagnies pétrolières et agroalimentaires, augmentation des impôts pour les 1% de la population les plus riches, politique de grands travaux et embauches massives de fonctionnaires" sont autant de solutions qu'il préconise.
En ce mois de mai 2017, Nikos est vent debout contre la nouvelle réforme des retraites annoncée par le gouvernement d'Alexis Tsipras. En l'espace de huit ans, il s'agit du 10e plan d'austérité imposé à la Grèce par la Troïka. Si le jeune militant parle pour l'instant d'une "mobilisation qui n'a pas l'ampleur des grandes grèves de 2011/2012", il reste confiant et "croise les doigts pour que la rue l'emporte", malgré l'adoption de la réforme par le parlement grec jeudi 18 mai 2017.