Je remercie chaleureusement Babelio et les Editions de la Table Ronde pour l’envoi de ce livre et pour m’avoir permis de rencontrer l’auteure Naomi Wood.
Ce fût un très beau moment de lecture et d’échange qui a débouché sur un coup de coeur littéraire!
Le livre : « Mrs Hemingway »
Crédit photo : Samsha Tavernier
L’auteure : Naomi Wood est une jeune auteure britannique qui a vécut à Hong-Kong et en France avant de revenir s’installer à Londres. Elle étudie la littérature à la célèbre université de Cambridge et est passionnée par l’oeuvre d’Hemingway. Elle a déjà publié un livre « The Godless Boys » en 2011, salué par la critique, sorte de dystopie où elle imaginait une Angleterre contrôlée par l’Eglise où les non-croyants seraient exilés.
Pour la suivre c’est ici.
Le résumé : « Durant l’été éclatant de 1926, Ernest Hemingway et sa femme Hadley partent de Paris pour rejoindre leur villa dans le Sud de la France. Ils nagent, jouent au brige et boivent du gin. Mais où qu’ils aillent, ils sont accompagnés de l’irrésistible Fife, la meilleure amie de Hadley, et l’amante d’Ernest…
Hadley est la première Mrs. Hemingway, mais ni elle ni Fife ne sera la dernière. Au fil des décennies, alors que chaque mariage est animé de passion et de tromperie, quatre femmes extraordinaires apprendront ce que c’est que d’aimer – et de perdre – l’écrivain le plus célèbre de sa génération. »
Mon avis : Coup de coeur pour ce livre qui retrace la vie sentimentale du grand Hemingway. J’ai été agréablement surprise par ce roman que je craignais un peu lent, mais qui s’est finalement avéré extrêmement intéressant.
Comme beaucoup je connaissais Hemingway et son oeuvre sans pour autant en savoir beaucoup sur sa vie plus « intime ». C’est tout l’objet du livre de Naomi Wood : démystifier le grand Hemingway, aventurier, cowboy, soldat et libérateur.
Par les yeux des quatre épouses successives d’Hemingway on découvre l’homme qu’il était : mi-bourreau des coeurs, mi-romantique et éternel insatisfait. On relève également ses démons, son caractère parfois irascible, presque détestable.
Le livre est composé de quatre parties : chacune correspondant à une nouvelle « Mrs Hemingway », titre à la fois flatteur et maudit, tant l’histoire d’amour initialement si passionnée tourne au cauchemar avec l’apparition systématique d’une maîtresse venant jouer les troubles fêtes.
Chaque partie raconte la rupture, la fin d’une aventure amoureuse et charnelle entre l’auteur et sa femme du moment.
On s’identifie à la cocue, on hait Hemingway, mais on l’aime aussi car les flashback nous font comprendre le magnétisme qu’il pouvait avoir sur ces femmes. On déteste également la nouvelle venue, pour finalement s’y attacher dans sa partie du livre. Cela dans une danse infernale, un triangle amoureux perpétuel.
Les quatre femmes ont toutes des caractères et un vécu différents. On apprécie certaines plus que d’autres, mais toutes ont une psychologie intéressante.
La plume de Naomi Wood est très agréable : fluide et descriptive. Les images, les odeurs, les saveurs de la France des années 20, de la chaude Key West, de l’Espagne sous les bombes, d’un Cuba suranné sont palpables. On se retrouve plongé dans l’univers de « Papa » comme Hemingway se faisait appelé, univers parfois envoûtant, parfois étouffant.
En bref : une très belle découverte littéraire qui m’a permis d’en savoir plus sur Hemingway et les femmes courageuses qui ont jalonnées son existence. Ce livre m’a donné envie de me pencher davantage sur ses oeuvres. Naomi Wood est donc, selon moi, une auteure à suivre.
✨ La rencontre ✨
Comment avez-vous eu l’idée de ce roman?
Naomi Wood a toujours admiré Ernest Hemingway. Elle a redécouvert cet auteur par le biais de ses nouvelles. Mais c’est en lisant un recueil composé de la correspondance amoureuse d’Hemingway, qu’elle a eu envie d’explorer son intimité. En effet le Hemingway « domestique » comme elle l’appelle, est très différent du personnage public à l’apparence macho et présenté comme un héros.
Les lettres étaient bien représentatives de la complexité de la personnalité d’Hemingway, à savoir un homme magnétique, attirant, mais pouvant mené les femmes à leur perte.
Tous les éléments du roman sont-ils des faits réels?
Tout le cadre est réel et est basé sur des recherches poussées : des témoignages, des livres écrits par les protagonistes eux-mêmes, des articles de presse.
Naomi Wood s’est également rendue dans tous les lieux décrits, ce qui les rend d’autant plus réalistes.
En revanche, Naomi Wood a dû lire entre les lignes pour imaginer le ressenti et les pensées des personnages, même si les lettres d’amour échangées l’ont aidé. On assiste donc à une oscillation constante entre fiction et réalité.
Le seul personnage que Naomi Wood a inventé est celui d’Harry Cuzzemano. Ce personnage est symbolique d’un fil directeur liant les personnages tout au long de l’histoire. Il est également un personnage métaphorique qui représente Naomi Wood elle-même : un fan d’Hemingway vivant sur son mythe et qui ne laisse aucune trace à la fin de l’histoire.
Est-ce que le fait d’écrire ce livre a changé votre façon de voir Hemingway?
Dans un premier temps, même si Naomi Wood s’interdisait de juger Hemingway (car ce n’est, selon elle, pas le rôle de l’écrivain), elle ne pouvait s’empêcher de le trouver terrible envers ses épouses. Cependant, au fur et à mesure de l’écriture, c’est comme si elle apprenait à mieux le connaître.
A la fin du livre, Hemingway devient même la victime de son propre mythe et les rôles sont totalement inversés. Hemingway était un homme torturé avec une partie sombre.
Son livre est paru il y a quelque temps déjà aux Etats-Unis et au Royaume-Uni et contrairement à toutes attentes, il s’avère que le public féminin a été attendri par le personnage d’Hemingway, tandis que le public masculin a trouvé Naomi Wood trop « gentille » avec lui.
Quelle est l’épouse pour laquelle vous avez préféré écrire?
C’est le personnage de Fife qu’elle a préféré, car c’est la seule épouse qui n’a pas pu s’exprimer réellement. Naomi Wood disposait donc d’un boulevard pour trouver sa voix. En effet, Hadley a rédigé ses mémoires, Martha Gellhorn est très célèbre et a été interviewée à de nombreuses reprises, tandis que Mary a survécu à Hemingway.
En revanche, Fife est décédée relativement jeune et n’a pas pu donner sa version de l’histoire. En outre, elle été présentée de façon extrêmement négative par Hemingway qui la surnommait « le diable en Dior », car c’est celle qui a eu le plus de mal à le laisser partir avec une autre femme. Pourtant on s’aperçoit qu’elle a énormément souffert de cette séparation et qu’elle a été incomprise.
Est-ce que la vie sentimentale tumultueuse d’Hemingway a influencé ses oeuvres littéraires?
Cela a pu influencer les nouvelles d’Hemingway plus que ses romans. Notamment « Les neiges du Kilimandjaro » où un portrait négatif de Fife est dressé et « Le jardin d’Eden » qui décrit l’histoire d’un triangle amoureux durant un été à Antibes.
On se quitte sur une petite vidéo de l’auteure!
Avez-vous déjà entendu parler de Naomi Wood? Etes-vous des fans d’Hemingway?