25 mai 2017 par carmenrob
"Le maître des lettres anglaises", "le meilleur écrivain contemporain", des superlatifs dont use sans hésitation François Busnel, chef d'orchestre de La grande librairie, pour présenter Ian McEwan qu'il recevait, le 23 octobre 2015, pour parler de L'intérêt de l'enfant. Un court roman que j'ai dévoré en deux soirées. Magistral!
L'intérêt de ce livre tient à plusieurs aspects. L'auteur, comme s'il était lui-même du clan, nous fait pénétrer dans l'univers fascinant et si peu souvent abordé des juges, et dans celui particulier et confrontant des affaires familiales.
Elle avait l'impression [...] qu'à la fin de l'été 2012 en Grande-Bretagne, le nombre de divorces, de séparations, et le désarroi afférent montaient comme une monstrueuse marée d'équinoxe, emportant des familles entières, dispersant les biens et les projets d'avenir, noyant ceux qui ne possédaient pas un instinct de survie suffisamment solide.Mais plus encore, ce qui nous happe, c'est la difficile question de l'intérêt de l'enfant, la frontière floue entre le jugement lucide de la professionnelle et la peur qui brouille ce jugement lorsque le sujet devient plus personnel. Quelle est la responsabilité morale de la juge Maye lorsqu'elle sort de la cour et que l'enfant s'adresse à Fiona, à la femme?
Riche en questionnements, L'intérêt de l'enfant met en scène des personnages complexes et crédibles portés par une écriture limpide, élégante, précise. Ce roman nous laisse avec des passants qui risquent de s'installer à demeure dans ce drôle de centre d'hébergement qu'est la mémoire de nos lectures.
Ian McEwan, L'intérêt de l'enfant, Gallimard, 2015, 160 pages