ONEGUINE ET RIGOLETTO À Bastille

Publié le 25 mai 2017 par Popov

L’ Opéra de Paris a présenté coup sur coup deux duos de chanteurs exceptionnels.

Anna Netrebko et Peter Mattei dans la reprise d’ Eugène Onéguine  mise en scène par Willy Decker et celle du Rigoletto de Claus Guth avec une révélation, Nadine Sierra et Zeljko Lucic dans le rôle titre. Netrebko, c’est l’école Alagna. Elle a tout d’une grande notamment les caprices, les miaulements et les prises de voix de tête. Elle respecte peu les consignes et peut tout se permettre. Quand on fait monter le prix des places de l’Opéra (jusqu’à 254 euros) qui pourrait vous refuser des facilités de mouvement. Ainsi dans Eugène Onéguine, où l’assistant mise en scène « maison » a dû s’arracher jusqu’à son dernier cheveu dans la fameuse scène de la lettre, missive écrite à même le sol (le décor est en plan incliné) et que la diva emportée par une transe gestuelle, transforme en bottin d’amour. Peter Mattei lui, où excepté un cotillon d’exception a bien du mal à déployer son immense silhouette (ses ailes de géant l’empêchent de danser) assure d’une voix sûre le rôle du dandy russe.

C’est un chanteur exceptionnel, un des grands parmi les chanteurs mondiaux qui fait de l’œuvre de Tchaïkovski une fête absolue. Sa seule présence justifie la soirée.

Il faut voir aussi dans Rigoletto, un autre phénomène , doté de la même force tranquille, Zelko Lucic qui donne au personnage du bouffon humilié une dimension tragique.Le couple de théâtre qu’il forme avec Nadine Sierra dans le rôle de Gilda relève là encore de l’exceptionnel. Car Nadine Sierra est bien la révélation de cette année d’art lyrique.La mise en scène de Claus Guth en est littéralement revivifiée et la reprise de l’œuvre s’en trouve quasiment meilleure que l’originale. A noter également l’apparition de Michail Timochenko, la vedette du film sur l’opéra de Stéphane Bron qui décidément démarre bien encadré.