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James Comey, directeur du Bureau Fédéral d’Investigation depuis 2013, s’est fait connaitre du grand public lors de la campagne présidentielle américaine pour son investigation sur les e-mails d’Hillary Clinton. Pour beaucoup, le scandale provoqué chez les électeurs américains à quelques jours des élections lui aurait coûté la victoire, et rappelons qu’à l’époque, ironie de l’histoire, Donald Trump le qualifiait de "très courageux" et avait pour lui un "grand respect".
Or, en juillet 2016, James Comey avait également ouvert une enquête sur les liens éventuels entre l'équipe de campagne de l'ex-candidat républicain et la Russie, dont l’ampleur ne cesse de grandir et d’entacher la crédibilité du nouveau président. La démission du conseiller à la sécurité nationale, Michael Flynn, en février 2017 pour ses liens avec Moscou avait déjà été un choc pour l’opinion américaines.
De plus en plus de voix s’élèvent en s’inquiétant de savoir qui dirige réellement le pays, à l’instar du sénateur John McCain, et Trump semble incapable d’endiguer la crise, donnant une véritable impression de chaos au sein du gouvernement. Le limogeage de Comey quelques jours seulement après avoir demandé des moyens supplémentaires pour mener son enquête sonne clairement comme une tentative désespérée d’étouffer l’affaire.
Cet événement fait écho au Watergate en 1974 qui avait conduit à la démission de Nixon, et pose la question de l’indépendance de l’institution gouvernementale. De son côté, l’administration Trump, qui justifiait le renvoi de Comvey suite à une recommandation du ministère de la Défense, s’empêtre dans des explications peu crédibles et contradictoires avec les déclarations récentes de son président qui admet dans une interview le 11 mai 2017, être seul à l’origine de cette décision.
Les médias et le parti démocrate dénoncent un scandaleux abus de pouvoir et des pratiques rappelant les états totalitaires. Pour le New York Times, "Comey a été limogé parce qu’il menait une enquête qui pourrait faire tomber un président". Donald Trump aurait également été furieux de la sur-médiatisation de Comey et de son entêtement à enquêter sur la Russie, lui qui est tant attaché à la loyauté de son entourage.
Quel avenir alors pour le FBI et l’investigation? Les choses ne semblent pas vraiment se passer comme prévu pour Trump, qui a souvent critiqué ouvertement le bureau fédéral, et menace à présent Comvey contre des fuites à la presse. Le nouveau directeur Andrew MacCabe vient d’exprimer son plus grand respect pour son prédécesseur, largement soutenu par l’agence, et son souhait de poursuivre l’enquête.
Le renvoi brutal de Comvey, qui rappelons le, a appris son éviction en direct à la télévision et a d’abord cru à une farce, ne fait qu’assombrir encore plus la confiance déjà en berne des américains envers la Maison Blanche. Selon un sondage récent de l’université Quinnipiac, la cote de popularité de Donald Trump est à son plus bas niveau depuis son élection en novembre, avec 36% de satisfaits. Un record d’impopularité à ce stade de son mandat, alors que le feuilleton avec le FBI est loin d’être terminé.
On peut légitimement s’inquiéter du futur de la liberté des institutions et de la presse avec un président qui, de notoriété publique, hait les médias qu’il qualifie de "fake news", et n’hésite pas à surpasser ses pouvoirs afin d’éliminer ceux qu’il considère comme des opposants. Les interrogations sont nombreuses, quel avenir pour la liberté de l’opposition politique, publique, de l’indépendance des différentes institutions. Et combien de temps encore les républicains se cacheront-ils derrière l’unité de leur parti, alors que de plus en plus de voix s’élèvent contre le président élu?
Il semblerait que l’adage de ce grand pays selon lequel "tout devient possible", soit plus vrai que jamais, pour le meilleur comme le pire aujourd’hui.