Snoop Dogg « Neva Left » @@@
Sagittarius Laisser un commentairePuisque Coolaid s’est complètement évaporé de nos souvenirs de l’été dernier, ce bon vieux Snoop Dogg arrive avec déjà un autre album solo, son quinzième (en comptant son escapade reggae Reincarnated sous le blase de Snoop Lion). Mais pour remplacer des rayons le tiédasse et fadasse de Coolaid, il propose avec Neva Left un pâté avec comme un drôle de goût de G Funk réchauffé.
L’illustration de l’album joue clairement la carte de la nostalgie, exactement comme Coolaid avec son dessin aux traits similaires à l’artwork de Doggystyle. Là aussi, la référence à son grand classique est évidente, rappelez-vous, cette photo de Calvin Broadus au dos du boîtier, casquette et clope en bouche. Un album photo-souvenir a permis sans doute de retrouver ce cliché du rappeur, la vingtaine, sans tresse ni poils sur le menton, posant l’air sérieux sous un panneau avec marqué 187 (le fameux code meurtre). Vous l’avez compris, le mode ‘back in the days’ est enclenché.
« Neva Left » est le morceau qui démarre cet opus, histoire de revenir un peu aux vieilles traditions de démarrer un album par le morceau-titre. Et quitte à faire dans old school, pourquoi ne pas ré-utiliser le même sample que le classique « C.R.E.A.M. » du Wu-Tang. Pas de quoi effacer les rides comme de la crème hydratante. Le décollage est entamé pour une petite heure de rap californien à l’ancienne, un peu trop à l’ancienne d’ailleurs. À la production, des membres des League of Starz, Rick Rock et l’indécrottable DJ Battlecat. Les touches de vocoder éparpillées un peu partout apportent leur charme intemporel, seulement Snoop ne cherche même pas à non plus moderniser le son DPG comme l’a si bien fait YG sur ses deux albums. Neva Left est une sorte de Doggumentary bis en plus funk, sans des Soopafly, des Daz, de Meech Wells ou encore Fredwreck.
On ne va pas refaire l’album, mais on peut s’acquitter de « Trash Bags » avec sa rythmique trap qui fait tâche (trop anachronique), par contre c’est un grand ‘oui’ pour le laid-back « Go On« , léger et funky comme une track de BUSH sans Pharrell aux manettes. On est content d’entendre Method Man, Redman et B-Real, quatre quadragénaires fumeurs professionnels réunis sur le « Mont Kushmore« , mais comme « 420 (Blaze up) » (avec Devin the Dude et Wiz Khalifa), le prétexte de fêter le jour de la Sainte Beuh (qui a lieu le 20 Avril) sert à compléter un album aux saveurs d’autrefois sans autre idée que de faire rejaillir le bon vieux temps. Sauf qu’au lieu de se donner une seconde jeunesse, Neva Left fiche un coup de vieux, aussi bien à Snoop qu’à nous son public, et à ce disque sapristi. On sait tous que le rappeur de Long Beach ne mène plus cette vie de chien depuis belle lurette. En parlant de vieux, v’là t’y-pas le légendaire Too $hort, toujours sénile, ou encore ce fossile KRS-One sur « Let Us Begin« , tels deux profs émérites qui marquent le coup parce qu’ils n’ont pas eu le temps de faire ça plus tôt. On regrettera ce caméo de Tray Deee juste à la fin de « Bacc in the Dayz« , c’est un vrai couplet qu’on voulait ! Au lieu de ça, on peut entendre Rick Rock rapper sur « Moment I Feared« , c’était facultatif.
Toujours pour compléter un tracklisting moins rempli qu’à l’accoutumée (c’est dire à quel point le Snoop est en manque d’inspiration), il y a un remix de « Vapors » qui se trouvait là, vingt-et-un an après l’original paru sur Tha DoggFather. Puis cet OVNI qu’est « Lavender (Nightfallremix) » co-conçu par les canadiens BadBadNotGood et Kaytranada (qui n’en sont pas à leurs premiers coups d’essai ensemble). Le clip a eu droit un bon buzz/bad buzz en mettant en scène le meurtre de Donald Trump (imité par le comédien rapophile Michael Rapaport), au point d’avoir fait réagir l’impopulaire Président US qui s’est senti obliger de se fendre d’un tweet ciblant le D.O.G.G..
En définitive, Neva Left est un tir à blanc qui peut faire mouche. Le point critique est que sans producteur (exécutif ou non) pour le guider, Snoop Dogg est trop peu capable de se secouer les puces et de sortir de son coussin. Il faut croire que depuis dix ans, les meilleurs sorties de Snoop Dogg sont ses albums collaboratifs, soient 7 Days of Funk avec Dam-Funk, BUSH avec Pharrell et même Cuzznz avec Daz. Le renouvèlement c’est pas maintenant, et c’est peut-être trop tard. « C’était mieux avant », oui mais ça, c’était avant.