Mario Bellatin, Prix Mazatlan 2008 du Meilleur écrivain mexicain. Voir Bellatin au Salon 2008...
Emilie Colombani
envoyé par Alexandre de Nunez
La main artificielle de l'écrivain est directement branchée sur son cerveau. Elle réagit au moindre influx nerveux. C'est une machine de précision. Elle ne l'a jamais trahi.
Mais depuis quelque temps, certains signaux électromagnétiques émis par la prothèse sont à l'origine de troubles inquiétants. L'état psychique de l'écrivain s'est dégradé. Le passé a violemment refait surface et des histoires en short cuts hallucinés ont pris possession de son esprit. Dans une grotte qui surplombe le rivage, un pêcheur a découvert des nouveau-nés sans bras ni jambes. Aux abords de la ville, une citadelle a été édifiée pour y interner les malades contagieux. Certains s'inoculent volontairement des virus pour y être admis. Un golem devenu incontrôlable ravage des quartiers entiers. Un styliste a transformé son salon de beauté en mouroir.
Avec ce roman-puzzle de 243 pièces, Mario Bellatin fait preuve à nouveau, comme l'écrit Alan Pauls, d'un « art diabolique de la construction, [d']un traitement élégant et anorexique de la langue » pour tirer la fiction vers un au-delà rarement atteint - excepté par Aira, Fresán et Bolaño.
Et plus que cela, c'est en anthropologue de l'altérité que l'auteur nous renvoie à notre propre perception de l'anormalité. L'humain que nous croyons si proche est ce qui, paradoxalement, nous est le plus éloigné. Que dire alors de ce que nous qualifions d'inhumain ?
Traduit de l'espagnol par (Mexique) André Gabastou
préface de Emilie Colombani